Lors de la sortie de La Tangente, j'évoquais ici même à propos de My Concubine des références telles que Chelsea, Les Objets et autres artificiers d'une certaine brit pop à la française. Aujourd'hui, Chelsea et ses ramifications (La Guardia en étant la dernière en date) se sont tus.
Ignatus, moitié des Objets, se fait discret et Olivier Libaux, l'autre moitié est un Imbécile (remarquez la majuscule, mais qui a pu échapper à ces Imbécile un peu partout afficher ces derniers temps et regroupant sous ce super nom un super groupe formé par Libaux personne d'autre que JP Nataf ou encore Philippe Katerine…).
D'un autre côté la musique française prend de bien différents aspects ses derniers temps mais rares sont ceux qui encore aujourd'hui osent cette pop claire et nonchalante, à l'humour grinçant et aux arrangements bien huilés. My Concubine œuvre pourtant dans ce domaine là et avec Les belles manières le groupe vient confirmer ce que l'on espérait en 2004 avec La Tangente.
Eric Falce et Pascale Kendall sont toujours aussi joueurs avec les textes et les mélodies. Orfèvres des mots, My Concubine franchit un pas en direction de ses références. Gainsbourg était évoqué lors de la sortie de La Tangente, mais c'est sur Les Belles manières qu'on le retrouve. Comment ne pas penser sur le duo à la voix sensuelle de "Classe tout risques" à un duo Gainsbourg/Birkin, voire Bardot …
L'humour grinçant semble être le maître mot de cet album et nul doute que vous vous délecterez de titres comme "Le syndrome de Gilles" ou bien sur "Les belles manières de Nadine". De multiples petits clin d'œil parsèment également l'album notamment sur "Les sales eaux de la Seine" évoquant les reflets d'argent de la chanson de Charles Trénet, ou encore "Je suis d'ailleurs" dont les paroles du refrain sont presque entièrement composées de titres de nouvelles de HP Lovecraft. Plutôt marrant.
Mais au-delà de ces petits exercices de styles et autres amusements, Les Belles manières est un sacré bon album de pop aux mélodies imparables, mêlant sonorités claires (guitares, claviers) et plus rock comme sur "Botox et Lifting à jamais" donc les guitares plus rentre dedans et les bricolages électroniques renforcent le côté dansant de la mélodie pour ce tube de l'été en puissance.
Les sonorités parfois un peu 70's donne un côté un peu rétro des chansons comme "Le refrain des vieux cons" ou "La surface des choses" mais ce n'est pas pour autant que l'album est nostalgique et encore moins passéiste et la pop à la française semble avoir de beaux jours devant elle !
Comme sur La Tangente, on retrouve ici la part belle faite aux mots, dont les choix et agencements ne laissent rien au hasard, réussissant le difficile exercice de donner du sens aux textes tout en apportant une lecture fluide et décomplexée d'un français pas toujours facile à mettre en chanson.
Les Belles manières est un disque de belle facture et il serait bien dommage pour vous de ne pas sauter sur l'occasion de les apprendre, ces Belles manières, c'est quand même bien moins chiant qu'un bouquin de Nadine… |