Our Love To Admire signe le retour des fringants et impeccablement sapés new yorkais d’Interpol (vous avez déjà essayé d’imaginé le coquet guitariste, Daniel Kessler en jogging claquettes à la maison le dimanche avec bobone, impossible…).
Pour ce troisième album, Paul Banks et ses sbires se retrouvent sur une major et ce petit détail a son importance… Le choix du producteur, Rich Costley a également de quoi susciter de légitimes inquiétudes, car c’est le principal responsable de la récente guimauve des insupportables MUSE…
Sur Our Love To Admire, les dégâts sont moindres, mais il semble évident que ce troisième disque est celui de la transition. Rien à voir cependant avec les rumeurs de changements radicaux qui circulaient.
N’importe quel quidam qui possède Turn On The Bright Lights ou Antics reconnaîtra la patte du quartet New Yorkais : la guitare incisive de Daniel Kessler (non seulement il se fringue comme un dieu mais comme me faisait remarquer ma copine "il est plutôt pas mal"… Ouais, soit…), le chant spectral de Paul Banks, les parties de basses de Carlos D, qui arbore désormais une superbe moustache de footballeur polonais… Lui manque plus qu’une mullet…
La signature chez Capitol implique une ambition nouvelle et le son du groupe en souffre un peu sur ce troisième opus… Du coup on a l’impression que le groupe se retrouve les fesses entre deux chaises, tiraillé entre son post punk syncopé des deux précédents albums et les sirènes d’une pop lacrymale taillée pour les stades.
"Wrecking Ball" est assez représentatif de cette mutation : après une introduction sombre portée par la guitare de Kessler, le groupe se fourvoie, ramène piano, coeurs "Woooo wooooo", et solo à la The Edge… Car oui, Interpol semble en voie de U2isation avancée… Ce même morceau sur Turn On The Bright Lights aurait moins senti le savon et un peu plus la sueur…
D’aucuns diront qu’il s’agit de l’évolution naturelle du groupe, certes, mais sur certains morceaux, on s’ennuie ferme ("The Scale", "Pace is The Trick", "Rest My Chemistry")… Le single "The Heinrich Maneuver" ressuscite ce qu’Interpol fait de mieux : du Joy Division plus léger et plus pop, mais rien à voir avec les incendiaires PDA ou Slow Hands. En se concentrant davantage sur les arrangements et les ornements diverses, le groupe s’est moins reposé sur le formidable potentiel rythmique Carlos D / Samuel Fogarino…
Beaucoup considéreront Our Love To Admire comme "le disque de La maturité", mais Interpol semble s’efforcer de faire comme leurs collègues The Editors ou Arcade Fire : de l’indé propre sur lui, taillé pour les stades et les festivals sponsorisés par Aol ou Lycos.
D’ailleurs, il y a de fortes chances pour que les cadres sup’ de ces boites viennent s’encanailler à l’espace Vip desdits festivals, en costard Armani, coupe de champ’ à la main et Blackberry bien en vue, draguant de la pétasse à coups de "Si tu veux demain j’ai des places pour Muse en tribune présidentielle au Parc Des Princes …".
Ils étaient bien meilleurs quand ils tentaient de synthétiser Joy Divison, Les Smiths ou Les Chameleons. A force de vouloir être trop gourmand (voir la pochette et le graphisme d’un goût plus que douteux…), Paul Banks et ses potes risquent fort de se spécialiser dans le graillon indigeste… |