Comédie dramatique de Julie Dousset, mise en scène de Julie Dousset et Aurélien Portehaut avec Gabrielle Cendraie, Julie Dousset, Bérangère Krief et Sophie Magnaud.
Cet été, il est plus facile de trouver des vélos que du théâtre à Paris. Heureusement, il y a le festival "Paris au mois d'août" qui permet de découvrir au Tallia théâtre "Trois nuits pas plus" de Julie Dousset.
L'histoire : après des années d'absence sans donner de nouvelles, Camille la cadette débarque au domicile de ses deux soeurs pour se faire héberger. Et elle n'est pas la bienvenue.
Une apprentie journaliste, une postière Québécoise, une étrange valise, un casse mystérieux... autant d'ingrédients qui vont mijoter pour donner un cocktail détonnant.
Qu'on ne s'y méprenne pas : même si l'affiche peut laisser croire à une énième pièce de café-théâtre, c'est bien de théâtre qu'il s'agit ici. Et si les gags sont là (et nombreux - des scènes sont déjà "cultissimes"), c'est bien pour servir une histoire, qui d'ailleurs va bientôt évoluer... Car Julie Dousset, dont c'est la première pièce, nous embarque dans des retrouvailles familiales qui réservent bien des surprises.
Sur une trame qu'on pourrait, au premier abord sembler avoir déjà rencontré ailleurs, elle a brodé une comédie singulière mélangeant les clichés et les genres à loisir pour en faire un objet d'un style nouveau et qui ne ressemble à aucun autre.
Il en résulte une comédie dramatique et, c'est assez rare pour être souligné, donnant quatre rôles en or aux quatre comédiennes. Chacune étant un élément indispensable de cette machine qui démarre comme un diesel pour finir en formule 1, laissant le spectateur k.o et abasourdi.
Julie Dousset dans le rôle de Camille, rebelle et grande gueule, mène le train avec énergie et détermination. Elle montre de belles promesses aussi bien dans le registre de la comédie que dans le celui de l'émotion. Sophie Magnaud, dans le rôle de la soeur aînée - le moins facile de tous car le moins sympathique - démontre avec finesse et maîtrise ses qualités intrinsèques. Elle est en tous points parfaite.
Bérangère Krief est pour sa part craquante en petite soeur à la fois intello et délurée. Elle gagne en crédibilité au fil de la pièce, son jeu un peu forcé au début devenant limpide et lumineux dans la deuxième partie. Enfin, Gabrielle Cendraie casse la baraque en Québécoise au grand coeur. C'est un tempérament comique indiscutable et une vraie révélation. Gageons que ces quatre là iront loin...
D'un canevas proche d'un "Independence" de Lee Blessing ou de "La mémoire de l'eau" de Shelagh Stevenson entre autres, Julie Dousset a su bâtir une histoire personnelle et touchante. Et les dialogues savoureux et le cynisme décapant font peu à peu place à une émotion brute dans la deuxième partie, où chaque personnage gagne en densité et en humanité.
Ce qui fait que ces filles- là, on ne les oublie pas. Et cette pièce qui sort des sentiers battus, non plus. |