Les enfants de Pierre Henry et de Can débarquent à la Route du Rock comme des chiens dans un jeu de quille. Entendre par là sans aucune gêne et aucun consensus. Encore moins de concessions. Le groupe de Romain Turzi parle librement de son premier album, A, sorti voilà quelques semaines chez Record Makers.
Un bout de terre européen prêt à traverser les océans, un album qui vieillira sûrement comme un bon vin, comme une parfaite carte d’identité des années 00. Rencontre !
Depuis le premier EP sorti voilà 1 ans chez Record Makers, qui vous a directement placé sur la filiation Terry Riley, Philip Glass, etc.., votre musique est basée sur les musiques minimalistes et mineures. Depuis la sortie de A, la presse est dithyrambique et acclame Turzi. Cela change-t-il votre perception de votre propre musique, resterez-vous sur un mode pointu et qualitatif ?
Romain Turzi : Musique pointue, mineure, minimaliste, oui bien sur on revendique. Après nous avons essayé d’aborder plusieurs styles, rock, électro sans se cloisonner. Hélas on est encore un peu loin pour arrive à la cheville des maitres ! On est un peu limité par notre jeu ! (Rires) Je ne sais pas comment sera le prochain album. Surtout pas de concession, clairement. Même si c’est agréable de faire notre première conférence de presse, nos premières dédicaces... si tu veux on est contents de la couverture médiatique, même si cela n’a jamais été le but. Et puis nous sommes suffisamment egoistes pour d’abord cherché à nous faire plaisir.
Les références qu’on vous attribue sont Sonic Youth, Can… Y a-t-il des groupes références, des choses comme Bastard, Diabologum ?
Romain Turzi : Vu notre age nous n’avons pas évolué avec cette culture française ou même étrangère… Nous avons plutôt cherché les influences de ces groupes.. Steve Reich est une grosse influence par exemple. Mais nous croyons, spécialement avec Arthur, en une scène psychédélique française qui ne demande qu’à émerger. En France c’est toute la scène psyché qui nous intéresse, Catherine Ribeiro, Alpes, Magma à de toutes petites doses, De Roubaix bien sur, le rock allemand… Après le rock saucisson à la Brassens non. Nous on aime le Cheese Rock, le camembert électrique de Gong.
Par rapport au EP qui est sorti voilà un an, Made under Authority, A le premier album semble plus condensé, avec des pistes moins longues, moins Syd Barrett. Pourquoi ?
Romain Turzi : Quand on a pensé le EP, l’idée était de donner une piste, quitte à les brouiller après. Dans le premier EP il y a des titres qui sont rejoués sur A de manière différente.
Réinterpréter ces compositions, sur disque ou en live. Le EP et l’album sont très différents, très complémentaires. Si tu prends Amadeus sur A, il colle parfaitement au EP. L’album d’après sera peut-être médiéval, on va peut-être l’appellé Pégase, ou Sagitarius ! (Rires)
Tu parles de remix, d’une partie électronique, des collaborations pour des remix t’intéresse ?
Romain Turzi : J’ai déjà remixé pas mal de titres pour d’autres artistes, et de fait l’exercice devient intéressant lorsque je n’aime pas les titres, car tout est à faire ou recréer. Il est plus facile de faire un remix que de composer un morceau. Après se faire remixer restait le truc ultime. On a donc contacté Jean-Michel Jarre (Explosion de rire) qui a écouté l’album. Le problème avec Jarre c’est qu’il bosse avec des nègres, comme Guetta ou d’autres (re-explosion de rire) et puis Jarre c’est 2000€ quand même. Oui bon en fait c’est pas si cher…Après c’est toujours un peu égoïste, mais je préfère sortir des morceaux plus que des remixs.
N’y a-t-il pas une frustration, lorsqu’on se revendique de Reich, Terry Riley, des gens qui ont pas mal théorisé la musique ?
Romain Turzi : Le principe on l’a volé à Terry Riley de fait… jouez tous les 4 la même chose mais de manière décalée. On tente un peu l’open tuning mais nous avons un matos plus limité que celui de Sonic Youth par exemple, et puis on ne peut pas transporter autant de matériel sur la route.. Et c’est ce groupe qui nous a appris que lorsqu’il y a dissonance il y a harmonie. Et pour finir c’est quand même Riley qui dit que c’est la musique répétitive qui ouvre la voie spirituelle non ?! Je ne pense pas que nous puissions rentrer dans un format pop.. Tu sais si nous pouvions jouer et tenir sur le même accord pendant 20 minutes nous on serait contents (Rires) ! Turzi joue sur l’énergie, et après sur les mélodies. |