A l’écoute de son premier album Cheap Demo Bad Science, Serafina Steer pourrait être la nouvelle protégée de Devendra Banhart, mais ce dernier ne semble pas encore l’avoir prise sous son aile.
Des anciennes muses du barde hippie, cette jeune anglaise de vingt-cinq ans serait à rapprocher de Josephine Foster, de Jana Hunter ou encore de CocoRosie. Mais avant tout de Joanna Newsom. Car Serafina, comme Joanna, s’accompagne à la harpe. Donne également dans le weird folk. Et possède une voix au moins aussi incroyable mais moins agaçante que celle de l’auteur de Ys.
Pourtant la demoiselle n’a que récemment changé de bord. En effet, ce n’est qu’une fois achevées ses trois années de conservatoire au Trinity College of Music de Londres qu’elle s’est décidée à tourner - temporairement ? - le dos à la musique classique pour graver ces onze chansons d’inspiration folk. De prime abord, l’album de Serafina Steer semble taillé pour la pause thé biscuits de nos voisins anglais : sorte de collection de titres à la beauté minimaliste.
De prime abord seulement, tant on reste émerveillé devant ces constructions chaotiques, ces arrangements luxuriants (Mike Lindsay (Tunng) et Capitol K à la production) … ou plus simplement devant cette originalité sans bornes dont Serafina fait preuve.
A commencer par cette reprise très laidback de "By This River" de Brian Eno d’entrée de jeu. Il faut oser. Il faut pouvoir aussi. Pour la suite, la subtile "Tiger "et son fascinant clip en animation, "Roundabout Horse", le titre éponyme en forme d’improbable carambolage entre Beirut et Broadcast, ainsi que son premier simple paru l’an passé "Peach Heart" constituent les points d’orgue d’un premier effort quasi-parfait dont on ne peut que déplorer la brièveté.
Sans conteste, la découverte folk féminine de l’année. Ne reste plus qu’à s’en retourner poursuivre le décompte des jours avant son concert à BBMix le 28 octobre prochain. Et espérer une prestation un peu moins coincée de la harpe que celle de la belle Joanna au printemps dernier à la Cigale.