Pour cette édition 2003, les festins d'Aden ont mis les petits plats
dans les grands car après Badly Drawn Boy la veille, l'Elysée
Montmartre n' accueillait rien de moins que les Flaming Lips
et leur rock complètement barje.
Le génial Brendan Benson avait ouvert les hostilités
durant une bonne demi-heure en enchaînant sans temps morts des titres,
sous influence 70's, ornés de riffs saignants : superbe entrée
en matière qui aurait atteint la quasi-perfection si l'incroyable Jason
Faulkner avait fait l'honneur de sa présence.
La suite avec Eskobar s'annonçait un cran en dessous,
elle fut en réalité interminable et pénible. La pop lisse
des suédois tourne à vide plus souvent qu'à son tour et
s'avère, après quelques titres, des plus ennuyeuse. Pour couronner
le tout, le groupe se la joue sérieux en privant le public de leur reprise
de "Knowing Me Knowing You" d'Abba qui aurait au moins été
divertissante.
Connaissant la fâcheuse tendance des salles du boulevard Rochechouart
à fermer tôt, le temps travaille malheureusement contre les Flaming
Lips car chaque minute supplémentaire d'Eskobar est autant de moins pour
la tête d'affiche.
S'en suit une longue mise en place du matériel ponctuée d'apparitions
de Wayne Coyne. De manière à compléter
le tableau, des robots et des ballons gonflables sont respectivement disposés
à l' arrière de la scène et libérés dans
la salle... Puis c'est au son de "Carmina Burana", devant un écran
sur lequel défilent des images de demoiselles fort dévêtues,
que les quatre Flaming Lips déboulent sur scène.
Les musiciens, à l'exception de Wayne Coyne en costard, arborent des
déguisements d'animaux en peluches hilarants et sont accompagnés
par une dizaine de figurants dans le même accoutrement, choisis parmi
les premiers spectateurs à avoir pénétré dans la
salle.
Le groupe attaque ensuite sur le morceau d'ouverture de "The Soft Bulletin"
à savoir " Race For The Prize" : c'est une orgie totale, les
confettis volent, la scène se transforme en une véritable piste
de cirque pour le reste du show. Les titres, parfois introduits par l'annonce
d'un présentateur télé, s'enchaînent dans le même
esprit avec la même démesure tandis que les faux-animaux en sueurs
autour des musiciens commencent à enlever leurs masques.
Sur " Do You Realize", le chanteur termine le morceau assisté
par une marionnette en forme de nonne avant de souhaiter, avec l'aide du groupe
et du public, un joyeux anniversaire à Christine pour qui cette 22e année
commence en fanfare. Wayne Coyne rivalise de trouvailles délirantes pour
maintenir l'intensité du show à un niveau maximal : après
le porte-voix, les lumières stroboscopiques, il finit par s'asperger
la tête de faux sang, tachant au passage encore un peu plus son costume
déjà bien éprouvé.
Il n'y a désormais plus de doutes à avoir, les Flaming Lips sont
un des spectacles les plus dingues de tout le circuit rock actuel, loin devant
le Beta Band qui, dans un style assez proche, met pourtant la barre à
un niveau himalayen.
Fin de concert un peu frustrante - pas de rappel - dans la mesure où
le groupe n'a joué qu'une petite heure et huit titres mais faut-il rappeler
le nombre de concerts endommagés par d'inutiles rappels à rallonge.
Ultime consolation, " Gimmie Shelter" a envahit la sono. |