Comédie dramatique adaptée de "The House of Yes" de Wendy MacLeod, mise en scène de Sévérine C. Koppe, avec Susanne Schmidt, Karolyne Barrilliet, Erwan Milin, Clement de Dadelsen et Severine C. Koppe.
Au centre, un escalier revêtu d'un tapis rouge, derrière lui, une femme de dos qui joue un air cérémonial et lugubre au piano. D'autres personnages attendent, tels des mannequins de cire.
D'entrée, le ton est donné : "Noël chez les K". ne ressemble à rien d'autre et bouleverse les conventions pour donner une pièce décalée et décapante.
En cette veille de Noël, Martin revient dans la maison familiale avec sa fiancée qu'il compte présenter à tous. Il y a là Jackie-O, sa soeur jumelle dépressive avec qui il entretient une relation fusionnelle ; Anthony, son frère pas beaucoup mieux loti , attardé, complexé et obsédé par la dynastie Kennedy ; enfin, la mère tyrannique à souhait qui règne avec étrangeté sur cet empire décadent.
Tous ces ingrédients vont donner lieu à un jeu de fléchettes croisées et de règlements de comptes en famille avant que l' "intruse", la fiancée canadienne, ne soit le catalyseur de toute cette folie latente qui, après un round d'observation, va se déverser dans ce huis-clos extravagant. Et bientôt tout va prendre l'eau dans cette demeure hantée par le fantôme du père disparu dans des circonstances mystérieuses.
Pièce noire dans la grande tradition des pièces anglaises grinçantes comme "Arsenic et Vieilles Dentelles", "The House of Yes" (titre original) de Wendy Mac Leod est un concentré de fiel et l'écroulement d'un microcosme familial. La violence des répliques acérées est heureusement désamorcée par un humour ravageur.
Séverine C. Koppe installe une ambiance et un style avec beaucoup de talent. Elle réalise ici une mise en scène ingénieuse et maîtrisée qui utilise au mieux l'espace en le découpant à volonté.Elle est également l'auteur de la traduction brillante de la pièce britannique, laquelle concourt à la réussite de ce spectacle réjouissant et acerbe.
Les acteurs, enfin, sont remarquables. De la mère (Suzanne Schmidt grandiose) complètement allumée à la fille fêlée (Séverine C. Koppe en Valérie Lemercier trash). En passant par le cadet (Clément de Dadelsen absolument impeccable) jusqu'à Martin (Erwan Milin au charisme animal et à l'ambiguïté singulière). Sans oublier la fiancée (savoureuse Karolyne Barrilliet) seul personnage équilibré de cette nuit cauchemardesque- bientôt atteint par le délire environnant.
A déconseiller aux âmes sensibles, ce jeu de massacre baroque et insolite est terriblement efficace. |