D'album en album, de label en label, on pourrait croire, comme ça d'une oreille distraite que les Tue-Loup nous ressortent périodiquement plus ou moins le même discours, voire carrément le même disque. Il est certain que Tue-Loup a une telle identité, sonore et vocale, qu'il est facile au premier coup d'oreille de les reconnaître.
Poèmes autant que chansons, les textes ont cette fluidité si difficile à trouver quand la langue française se fait chanson. Les mots tombent toujours juste et à leur place comme s'il ne pouvait pas exister l'un sans l'autre. Jamais le mot de trop, jamais la rime facile cherchée à tout prix, juste le plaisir des sonorités fantastiquement alliées au sens de poèmes souvent narratifs, prenant souvent pied dans de petites histoires du quotidien narrées avec force description, plongeant l'auditeur dans le monde de Tue-Loup comme dans un conte ("Le plan de Rome").
Si les textes, situés finalement pas si loin de Jean-Louis Murat ou de Sylvain Vanot, valent à eux seuls l'écoute de l'album, ils sont enrobés dans une musique tout aussi précieuse. Swell et Calexico jamais très loin, les Tue-Loup déroulent leurs mélodies avec grâce et nonchalance.
Cohérent de bout en bout, Le lac de Fish propose tout de même un plus gros poisson, "Gisant" puissant et tendu se posant un peu comme l'incontournable de ce disque, comme l'était "Ressac" sur le précédent album Rachel au Rocher.
Tue-Loup, c'est un monde, un petit coin de nulle part cher au coeur de quelques uns d'entres nous avec pour envie de le faire visiter à nos amis. Venez tous à Tue -Loup, avant que le loup n'y soit plus.
Car si Tue-Loup remporte depuis 7 albums un succès d'estime mérité, il serait temps que le succès public soit au rendez-vous, pour un joyeux pique-nique au lac de Fish. |