Quatre. 4. Four. Quattro. Vier. C’est le nombre d’albums que The Dagons aura dû enregistré, avant de gagner son ticket d’entrée pour le continent européen. C’est donc à travers leur 4ème effort, Reverse, que l’on découvre enfin Karie Jacobson et Drew Kowalski, le duo hypnotisant de The Dagons.

Pour la petite histoire, Dagon serait un dieu antique, mi-homme mi-poisson, qui aurait comme spécialité, la débauche. Tout un programme.

Leur intitulé est bien sûr une bonne clé d’entrée dans l’univers de ce duo. Nous disons bien ici "une" des clés, parce qu’il y en a en réalité tellement... Dans le cas de The Dagons, il serait effectivement facile, voire grossier, de vouloir qualifier leur style. Blues-rock-garage en l’occurrence, serait une appellation bien trop réductrice.

The Dagons sait nuancer et injecter à sa musique de nombreuses couleurs… Ne serait-ce que par la voix de Karie. Son timbre pourtant haut et clair se transforme en un chant sombre et langoureux, sur "The Fifth One", teintant ainsi le morceau d’une atmosphère presque hantée. Le psychédélisme n’est pas non plus en reste sur "It Flies Out", avec ses riffs répétitifs, hypnotiques et son chant de sirène. Mystique aussi la sitar sur "In Gingham". Complètement cosmique ou hystérique, les instrumentaux distordus de "Scylla" et de "Panic In The Snake House".

Reverse est un album onirique. La bande son de vos rêves, beaux ou cauchemardesques. Un songe qui passe rapidement, un peu trop peut-être. 10 morceaux, 26 minutes et 4 secondes.

Ponctuellement, les Dagons n’ont pas peur de prendre leur temps et de rejoindre la réalité. C’est ce que nous avons pu constater il y a quelques jours à La Mécanique Ondulatoire, lors de leur 1ère prestation française et européenne.

Elle. Armée de sa guitare, blonde, angélique, souriante, séduisante, comme la miss Vanessa Paradis, le bonheur lui a écarté les dents de devant. Lui. Aux fûts, cheveux noir corbeau, fort, tatoué, son sourire et ses yeux timides trahissent sa douceur d’agneau.

Devant une salle clairsemée, ils entament leur set. La voix perçante de Karie, la simplicité efficace de leur jeu séduisent une foule de néophytes qui se fait plus dense. A deux sur scène, ils leur est difficile de retranscrire toutes les nuances sonores de l’album, pas de sitar pour nous ce soir. Cette contrainte les obligeant à interpréter leurs morceaux de façon plus nue, plus brute, plus arrachée, ce qui finit de ravir complètement l’audience. Au point de quémander ce qui n’était pas prévu, un rappel… Que Dagons nous offre de bonne grâce.