Yaël Naïm est en passe de devenir l’un des phénomènes de cette saison automne/hiver . Jusqu’à la mi-décembre la demoiselle enchaînait pas moins de 15 soirées à la Boule Noire, 15 soirs qui affichaient, depuis quelques temps déjà, archi complet ! Une reconnaissance enfin là qui lui permet de mettre aux oubliettes ses déceptions d’antan.
Le public de la Boule Noire est assez disparate ce jeudi soir. Groupes de copines dont les âges doivent s’échelonner entre 20 et 50 ans, jeunes et plus vieux couples, Yaël Naïm semble rassembler un public assez large, même si parmi celui-ci je ne trouve guère trace de branchouilles, tendance rock’n roll attitude en jean slim.
Ce qui n’est pas plus mal, je commençais presqu’à en faire une petite overdose. Cette simplicité et cette intimité qui émanent de la salle sont à peine troublées par l’arrivée d’Audrey Tautou. Malgré la discrétion de la toute petite Amélie Poulain, mon œil aguerri, plongé en pleine étude physico-sociologique des gens qui m’entourent, ne peut manquer telle entrée (d’autant qu’elle s’installe près de moi !).
La personne qui s’installe alors au piano interrompt mes digressions me rappelant que je ne suis pas ici pour établir une typologie du public parisien mais bien pour assister à un concert. Je n’avais trouvé trace de première partie annoncée nulle part, mais à première vue, il ne s’agit pourtant pas de Yaël Naïm ou alors celle-ci aurait eu un soudain ras le bol de ses longs cheveux. Le néophyte n’aura pas vraiment la possibilité de savoir de qui il s’agit avant que Yaël Naïm ne la présente elle-même plus tard à ses côtés.
Comme je me suis un minimum documentée avant de venir, j’ai pu lire que la belle serait accompagnée selon les soirs de guests tels Vincent Delerm ou Arianne Moffat. Par un calcul éliminatoire assez simple, i’en déduis donc qu’il se pourrait bien qu’il s’agisse de cette dernière (ce qui me sera confirmé ensuite). J’avais plutôt entendu du bien de cette québécoise, mais j’avoue que son répertoire (dont elle ne donne qu’un très court aperçu) ne me séduit pas vraiment. J’en viendrais presqu’à regretter Delerm… Elle est pourtant dotée d’un bel organe, mais celui-ci sonne un peu trop variétés, tout comme ses textes chantés en français. Je la préfèrerais un peu plus tard en anglais lors d’un duo avec Yaël Naïm.
Celle qu’on attend tous arrive enfin sur scène, accompagnée de ses acolytes musiciens. L’ensemble détonne un peu, elle toute fraîche et tout sourire dans une petite robe rose dont, telle une petite fille, elle passera une bonne partie de la soirée à remonter les manches sur ses épaules. Eux beaucoup moins funs a priori si l’on se contente de les juger à leurs fringues et visages impassibles. Mais l’habit ne fait pas le moine et l’essentiel est que la communication et l’entente semblent parfaites entre eux quatre. On ressent notamment, force regards et sourires à l’appui, la complicité qui lie Yaël Naïm à sa moitié dans la réalisation de ce second album, David Donatien, maître ès percussions sur scène.
C’est avec "Paris", qu’elle entame le concert, un choix tendance multiculturalisme sans doute pas anodin puisqu’il s’agit d’un texte en hébreu, sa langue maternelle qu’elle assume enfin dans ses compositions. Malgré la douceur de ce type de morceaux assez lisses, c’est avec leurs titres plus bricolés, plus fantaisistes, plus pop que j’apprécie le plus le vrai talent de ce groupe.
Ainsi de "Toxic", la reprise de Britney Spears, que Yaël s’amuse à triturer dans toutes les gammes de son piano et de son mini-synthé, du tube imparable "New soul" ou encore du génial "The only one" de Readymade FC (formation à laquelle elle prête sa voix). Si elle dit ne pas être encore très à l’aise avec le français chanté, elle n’hésite pas à le parler. Et ses transitions sont un bonheur pour nous car, mêlé à ses éclats de rire, son petit accent ne fait qu’ajouter à son charme et sa simplicité.
Pas égoïste pour un sou, Yaël fait profiter à ses amis de la scène de la Boule Noire : d’abord à un jeune anglais à la voix rock et rauque dont je ne comprendrai pas le nom et regretterai la trop courte apparition, puis c’est le retour d’Arianne Moffat. Arrive enfin un duo de chevelus qu’elle vient de rencontrer sur le plateau de Taratata. D’ailleurs, lors du second et dernier rappel, on s’y croirait un peu à Tarata, voire même à un prime de la Star Ac.
Dans le genre tout ce petit monde réuni sur scène pour un dernier "New soul" à cinq voix tendance gospel : "on s’aime tous, on se lève tous (pour Yaël, Yaël !) et on tape tous dans ses mains". Si vous croyez que je me suis laissée avoir… |