Suite à la sortie de son excellent album The Shepherd’s dog, Sam Beam, la tête pensante de Iron and Wine s’arrête au divan du monde pour une date unique. Depuis l’écoute de ce disque foisonnant, on attendait forcément avec impatience ce concert...
Huit heures précises, Eleni Mandell ouvre la soirée. La californienne, munie uniquement d’une guitare acoustique égrène ses chansons aux accompagnements folks ou minimalistes. Malgré les apparences trompeuses, le jeune femme n’est pas une novice et a déjà quelques albums à son actif. De la douceur mais aussi quelques envolées énergiques, somme toute une sympathique entrée en matière.
Dès la fin de la première partie, les conversations reprennent bon train dans la salle et je me rends compte que le public s’exprime avec aisance dans la langue de Shakespeare. La France serait-elle devenue soudain polyglotte ? Je penche finalement pour une seconde explication et en conclue que tous les américains de Paris, dans la confidence du concert de ce soir, se sont donné rendez-vous. Mais neuf heures déjà, les lumières déclinent.
Bien qu’aux quatre coins de la scène soient disposés de nombreux instruments, Sam Beam trompe son monde et arrive simplement accompagné d’une jeune femme (qui se trouve être sa sœur). Le premier titre se fera donc a minima, guitare acoustique et choriste en renfort.
Et c’est avec "Trapeze swinger" que Iron and Wine ouvre le bal. Tiré de la BO de "In good compagny", le morceau met doucement dans l’ambiance et la voix sucrée de Sam Beam berce les oreilles. La jeune femme cache très bien sa joie d’être là. Sollicitée uniquement pour le dernier quart du morceau, elle reste inévitablement à attendre enfin son tour, plantée sur scène ne sachant que trop quoi faire des ses mimines (on découvrira un peu plus tard dans la soirée qu’elle s’en sert aussi pour jouer du violon).
Rejoint par le reste du groupe sitôt ce premier morceau achevé, la scène ne compte finalement pas moins de 8 musiciens (Sam Beam compris). Chacun jouant au moins de deux instruments, je vous laisse faire le total. Et il n’en fallait pas moins pour restituer l’essence et la densité de l’album. Au quizz des instruments présents on répond clavier, basse, contrebasse, guitare, batterie, percussion, vibraphone, accordéon, violon et bien sûr pedal steel. Ce dernier présent sur pratiquement tous les morceaux donne la touche americana aux chansons.
La finesse de l’arrangement qui figurait sur l’album est retranscrite au-delà des espérances. Pourtant, pas de démonstration, un travail efficace et sobre avec des musiciens qui injectent même une couleur jazzy dans l’affaire. Evidemment propices à des jams, les morceaux sont ponctués de longs instrumentaux, laissant le public ébaubi.
De The Shepherd’s dog, on retrouve notamment les magnifiques "Carousel", "Peace beneath the city" et le très attendu "Boy with a coin" que le public accompagne allégrement en frappant des mains, à l’instar de la version studio.
Les deux précédents albums ne sont pas pour autant oubliés. Le folk "Upward over the mountain" tiré de The creek drank and the waddle, devenu pop léger pour l’occasion ou "Sodom,south Geogia" tiré de Our endless Numbered days démontrent que le savoir-faire de Sam Beam ne date pas d’hier. Les morceaux coulent les uns après les autres, n’étant parfois même plus différenciés. On se laisse alors porter.
Le barbu n’est pas un grand fan de la communication, simplement un "bonsoir" et quelques mots en début de concert puis des "merci" distribués avec parcimonie. Mais la musique est là, et c’est bien cela le plus important.
Une heure et quart après le début du concert "Flightless bird,american mouth" la jolie valse doucereuse vient fermer la boutique. Mais sous les appels du public Sam Beam revient avec sa troupe prolonger l’enivrement avec un dernier morceau, "Resurrection fern" tout en subtilité.
On a retrouvé ce soir la richesse de l’album, enrichi de luxuriants instrumentaux et porté par la voix sucrée de Sam Beam. Le moment lumineux d’une soirée d’hiver. |