Si les Young Marble Giants faisaient encore de la musique aujourd'hui (je ne parle pas de rééditer Colossal Youth en version Deluxe), il y a fort à parier que cela ressemblerait un peu à The Mountain Goats.
Mélodies faussement simplistes, rythmique sèche et hachée, guitare acoustique sans fioriture et une voix, masculine en l'occurrence, celle de John Darnielle unique membre du groupe, évoluant comme un poisson dans l'eau entre le registre pop d'un Lloyd Cole ("New Zion") et celui, plus ostentatoire d'un Daniel Bejar ("how to embrace a swamp creature").
Les claviers vintages sont bien entendu de la partie par petites touches comme sur "Autoclave" qui sent bon les 70's des Aphrodites Child, quasi inexistants laissant la place à des cordes élégantes et délicates ("San Bernardino").
La musique lunaire des Mountain Goats sait aussi atterrir et quand l'électricité est branchée, cela devient "Lovecraft in Brooklyn". Le tempo s'accélère sensiblement, les guitares prennent le dessus et la voix s'affirme. A croire que deux personnalités différentes ont composé ce disque. Un citadin et un de la campagne. Exit les ritournelles pour les bouquetins, bonjour le gros son à vous remuer les guiboles.
Et puis, comme si ce titre n'avait été qu'un mirage, on retombe dans la joyeuse et zen "Tianchi lake" comme un enfant sage qui aurait eu son quart d'heure de turbulence pendant que ses parents lui tournent le dos, les Mountain Goats se font anges.
Et si une grande partie de cet album est gaie et enjouée, la fin a des tendances à la nostalgie avec ses choeurs, cordes et piano à l'appui d'une rythmique toujours aussi hachée et surprenante.
Fait de lo-fi hyper léché, de mélodies faussement bricolos, Heretic pride surprend jusqu'au bout par ses petites inventions et recyclages sonores mêlés. Un vrai disque élégant et poétique, riche et intelligent. Un disque qui rappelle que le rock ne se joue pas qu'en catégorie poids lourds. Ouf. |