Le temps passe on dirait. Alors on se demande parfois ce que peuvent écouter comme musique les lycéens d'aujourd'hui, maintenant, tout de suite.
Peu d'émissions musicales dans la lucarne cathodique, des radios phagocytées par les contraintes imposés par les maisons de disques.
Que jouent-ils dans leur garage ? Cherchent-ils le son des Beatles, des Stones ou de Nirvana et Radiohead ? Dites moi un peu ce qui les fait s'enthousiasmer, qu'est-ce qu'ils achètent et chérissent comme CD ou vinyls?
Utilisent-ils leur pc multimédia à autre chose qu' à réseauter ludique ? Est-ce qu'ils ne considèreraient pas les groupes de rock comme des énergumènes drogués? Donne-t-on une image attrayante du rock lorsque des quinquagénaires se réunissent , alors qu'ils sont à moitié sourds , pour des tournées "planétaires" ?
Alors oubliée, l'urgence de s'en sortir par ce seul moyen, de quitter sa petite ville sans avenir, de crier sa rage juvénile , de faire exploser la chape de plomb d'une société verrouillée ...
Puisqu'on a fait taire le cri de révolte pour quelques instants de plaisir immédiat, alors voilà, on observe la scène rock qui émerge de ce désert culturel et on se prend la tête entre les mains...
Les Shades sont un groupe de lycéens justement, ils ont retenu l'attention de Bertrand Burgalat qui les produit sur Tricatel . Mais est-ce une bonne chose ? Le producteur s'illustra jadis dans la pop électro et le easy listening , il jouit d'une réputation solide de passionnée à la culture éclectique et à contre courant de préférence.
Alors joue-t-il le mauvais génie des Shades ? N'est pas François Hadji Lazaro du temps des "Boucherie Productions" qui veut ? ( En passant, Pigalle prépare une tournée cette année.) Je reprends. Après le départ de Natacha , le groupe AS Dragon, autre poulain rock de Tricatel serait-il en panne pour que BB cherche à assurer l'intérim avec les Shades.
Les jeunes gens nous proposent douze titres autour du thème Le Meurtre de Vénus ou le rite de passage qu'est la blessure amoureuse. Mais absence d'ambition dans la production, les titres peinent à s'imposer, laissant cependant entrevoir qu'ils trouveraient leur public sur scène: public adolescent qui grandirait avec eux, furetant enfin chez les disquaires en quête de fraîcheur et d'audace, bref d'une liberté.
Alors même si le disque ne mérite pas qu'on s'y arrête, laissons les Shades exprimer leur envie d'écrire un jour leur paragraphe dans l'histoire si foisonnante et inépuisable du rock indé ...
Et les Shades sortiraient de l'ombre . |