En 2003, un certain Bruno Caliciuri, ou plutôt Cali, débarquait sur la scène hexagonale avec son imparable single "Elle m’a dit" et l’excellent album L’amour parfait.
Deux ans plus tard, il revenait avec Menteur ("Qui se soucie de moi", "Je m’en vais", "La fin du monde pour dans dix minutes", etc.), suivi d’un live en 2006, Le bordel magnifique.
Son nouvel album L’Espoir marque un réel changement. Composé en 2007, lors de la campagne présidentielle, ce disque est beaucoup plus engagé que ses prédécesseurs. Sur des guitares flamenco, Cali annonce la couleur dès la première phrase : "L’espoir est dans la rue".
On retrouvera un texte dans la même veine avec le titre "1000 cœurs debout" : "Est-ce que tu vois, toi aussi, quand tu fermes les yeux / Quand tu sers le poing, haut vers le ciel, est-ce que tu sens l’odeur délicieuse de la liberté". Cali y abordera également des sujets d’actualité : "Est-ce que tu te souviens de l’enfant africain qui vivait en dessous / De ses parents raflés / Des fusils de la honte qui encerclaient nos écoles, je n’oublierai jamais". Une chanson qui colle vraiment avec le titre de l’album…
De la même manière, "Résistance" commence par un constat : "6 mai 2007 on est montés à bord de ce grand bateau noir / On regardait hagards, ils sont fous, on pleurait de chagrin / … / Nous partions têtes basses digérer notre nuit, vomir notre dégoût". Au fur et à mesure du titre, le ton change, on passe d’un constat amer à l’espérance… pour finir par " Nous allons revenir bien plus forts que jamais".
Sur ce titre, Cali chante très vite et cette chanson promet d’être explosive sur scène.
On ne peut pas passer non plus à côté du duo "Pas la guerre", chanté avec Mike Scott. D’une manière plus romancée, Cali nous livre un superbe pamphlet contre la guerre en se mettant dans la peau d’une jeune fille dont le fiancé est mort à la guerre.
La ballade "Giuseppe & Maria" est aussi une histoire d’amour détruite par la guerre. L’idée de combat, ou plutôt de résistance, y reste quand même présente : "Plutôt mourir debout que vivre à genoux". Le piano et les cuivres y accompagnent magnifiquement le texte.
Pour finir avec les "chansons engagées", Cali vient soutenir l’association "Les papas = les mamans" avec sûrement le titre le plus poignant du disque, "Le droit des pères". Cali y aborde le problème de la garde des enfants après une séparation. Il vient hurler sa souffrance, son amour pour son fils et sa colère contre la justice. "Mon amour sache que mes mains se seront déchirées sur l’infranchissable barbelé / D’une machine à fric qu’ils appellent justice / … / J’ai cette envie de meurtre au fond de ma colère / … / Ils m’ont volé mon droit de père". Après une intro trombone et trompette, le piano les rejoint et la musique prend de plus en plus d’ampleur au fil de la chanson, donnant encore plus d’intensité au texte.
Pour ne pas manquer à ses habitudes, Cali nous offre également un florilège d’histoires d’amour ratées : "Paola", "Sophie Calle n°108"… Le très bon titre "Comme j’étais en vie" et "Je suis laid" se font écho en racontant un amour passé. A l’inverse, "Je me sens belle" et "Amoureuse" seraient plutôt un hymne à l’amour.
On finira par un titre se démarquant du reste du disque, le duo avec Olivia Ruiz : "Je ne te reconnais plus". La musique fait immédiatement penser à Dionysos et ce n’est pas qu’un simple hasard. En effet, l’album a été, en partie, réalisé par Mathias Malzieu (chanteur de Dionysos), qui n’a pas pu s’empêcher d’y gratter son ukulélé.
Une fois de plus, Cali ravit nos oreilles avec ce magnifique album, ses musiques et d’excellents textes. Son disque le plus abouti, je pense.
Un ouragan de vitalité et de sincérité qui laisse présager des concerts très animés.
Rendez-vous au Zénith du 14 au 16 avril. |