Au Musée des Arts décoratifs, le titre de l'exposition "Aussi rouge que possible…" annonce immédiatement la couleur : elle sera rouge.
Rouge comme le fil qui a inspiré les commissaires de l'exposition, Monique Blanc et Jean-Luc Olivié, tous deux conservateurs audit musée, pour investiguer le fonds inépuisable de l'ensemble des collections
Et ce avec 12 thématiques pour une exposition transversale qui, des affiches aux objets, des jouets aux tissus, des meubles aux peintures, propose un voyage spatio-temporel dans l'histoire des arts décoratifs au sens large du terme.
Le rouge la couleur des couleurs
Le rouge, couleur à la symbolique ambivalente, couleur des passions, le pouvoir, la foi, le sexe, investit tous les registres de la création artistique.
Ainsi le rouge de gueule de l'aristocratie perdure dans les gaines, coffrets et portefeuilles et les sanguines du 18ème siècle.
La pérennité des symboles permet des appariements étonnants comme un frontal du 14ème siècle, une affiche de Cappiello vantant les mérites de l'anis infernal et un cabinet d'enfer d'Elisabeth Garouste.
Le rouge précieux se retrouve dans les nécessaires de voyage du début du 20ème siècle comme dans les accessoires de haute couture et les objets décoratifs contemporains.
Et l'empereur Hadrien comme le ministre Turgot voisine joliment avec le fauteuil "Soft Bif Easy" de Ron Arad.
Un fil rouge pour un voyage dans 5 siècles d'arts décoratifs
L'exposition est l'occasion d'admirer des techniques des siècles passés mais aussi de voir comment le design s'affranchit des métiers d'art pour investir les technologies modernes et les matériaux "pauvres"et/ou détournés .
Le savoir faire des artisans est remplacé par la production industrielle.
Le plastique, le jersey, la résine, par exemple, remplacent les matériaux nobles comme le verre, la céramique, les tissus damassés.
Ainsi le set "Pinic" de Jean-Pierre Vitrac et le vase "Amazonia" de Gaetano Pesce voisinent avec les laques chinoises et les vases en porphyre.
Avec le pop art et le regain pour les couleurs primaires, le rouge envahit les intérieurs et l'exposition fait aussi la part belle au mobilier contemporain.
A l'affiche, le fauteuil "Vermehla" des frères Campana, la commode "DF 2000" de Raymond Loewy ou le siège "Ribbon" de Pierre Paulin, qui, somme toute, s'harmonisent bien avec les natures mortes du 17ème siècle à l'instar de la chaise longue "Djinn" réécrite par Olivier Mourgue qui flâne sous une tapisserie du 16ème siècle.