Six ans après L'imprudence, Alain Bashung revient avec Bleu Pétrole, disque de haute volée à la rencontre de la country, de la pop et du folk. "Un véritable album d'interprète" dixit l'intéressé.
Après "la tournée des grands espaces" qui marquera à jamais les esprits, le souhait affiché était de réaliser un disque ouvert, direct, et mélodique. Pour l'occasion, Bashung s'est entouré de nouveaux partenaires, mettant en veille pour un temps (?) sa collaboration avec son complice Jean Fauque.
L'association du talentueux Gaëtan Roussel, du trop rare Gérard Manset et des jeunes pousses Arman Méliès et Joseph d'Anvers a de quoi laisser rêveur. Chacune de ses fortes personnalités a apporté sa couleur musicale au service de Bashung, de sa voix pénétrante et de son univers. L'alchimie est indéniable et le résultat jouissif.
Bleu Pétrole est un grand album, une nouvelle oeuvre majeure de la chanson française. Malgré l'écriture à plusieurs mains, la cohérence de l'ensemble est évidente. Bien que naviguant en terrain connu, il n'en demeure pas moins un sentiment de fraîcheur voire de surprise à l'écoute de ce disque. La force et l'interprétation inimitables de Bashung se fondent à merveille dans des chansons taillées à sa mesure.
Bleu Pétrole s'ouvre avec un "Je t'ai manqué" de circonstance. Le reste de l'album est à la hauteur de cette mise en bouche, que ce soit l'engagé "Résidents de la République" ou les déjà incontournables "Comme un Lego" et "Je tuerai la pianiste". Bashung ne quitte pas les sommets auxquels il nous a habitué, nous glissant une réinterprétation francisée de Léonard Cohen ("Suzanne"), une salve de pépites ("Tant de nuits", "Sur un trapèze", "Hier à Sousse"...) et deux pures merveilles ("Il voyage en solitaire" et "Vénus").
Plus accessible que L'imprudence, Bleu Pétrole est un disque envoûtant et essentiel, sombre et lumineux. Un putain d'album et un sacré Monsieur. Respect ! |