Comédie dramatique de Diastème, mise en scène de Damien Bricoteaux, avec Andréa Brusque et Justin Blanckaert.
Lucie n’arrive pas à dormir. La chaleur est insupportable et surtout, elle a trouvé sa mère inanimée sur le canapé du salon. Et si elle était morte ?
Première pièce de Diastème (jouée lors de sa création en 2002 par Emma De Caunes), "La nuit du thermomètre" met en scène deux ados contemporains dans leur éveil à la vie. Peu d’action donc, mais des dialogues fins, authentiques, à la fois drôles et bouleversants. Diastème sait écrire des personnages attachants et les faire parler avec poésie et vérité, sans effets de style mais toujours une grande authenticité.
C’était également le cas dans ses deux autres pièces : "107 ans" (d’après son roman) et "La Tour de Pise", deux petits bijoux d’émotion. Ici, il réussit ce que de très rares auteurs ont su faire avant lui : rendre compte du malaise adolescent sans pathos, avec juste une petite désillusion qui affleure à mesure que ceux-ci se trouvent confrontés au monde des adultes.
Cette pièce raconte ça : le moment où Lucie et Simon prennent conscience de la dureté du monde, qu’ils comprennent qu’ils vont devoir abandonner leurs rêves d’enfant. Et que le seul moyen de résister sera d’unir leurs deux détresses intérieures.
Andréa Brusque est une Lucie plus vraie que nature : chacune de ses expressions, de ses mimiques, ou sa diction donne vie à son personnage ; jusqu’à sa respiration haletée, qui la rend définitivement parfaite. Sa composition est éblouissante. A ses côtés, Justin Blanckaert ne dépare pas de sa partenaire : il est lui aussi sensationnel dans le rôle de Simon dont l'humour masque le désarroi (mal à l’aise avec son corps, sa famille ou ses sentiments). Un beau couple…
Les deux ont été dirigé de toute évidence avec talent par Damien Bricoteaux dont la mise en scène tout en sobriété nous permet de nous placer au plus-près des personnages… pour ne plus lâcher jusqu’à la fin. La scénographie épurée de Riton Dupire-Clément, la lumière tendre d’Anne Coudret ou la musique légère d’Arthur Simonini sont à l’image de ce spectacle simple, juste et émouvant : un travail profondément sincère et réussi. |