Depuis
trois ans, Export Music Sweden, regroupant tous les intervenants dans le monde
musical suédois dans le but de faciliter la promotion et l’exportation
de la musique nationale, le Centre Culturel Suédois et l’Ambassade
de Suède organisent le Swedish Indie Go destiné
à présenter de nouveaux groupes suédois présentés
comme "la crème de la nouvelle scène suédoise".
Mercredi 10 décembre, dans le confidentiel auditorium du Centre Culturel
Suédois, logé dans le superbe hôtel de Marle au coeur du
Marais, se déroulait le concert acoustique des groupes sélectionnés
pour la troisième édition du Swedish Indie Go : Hell on wheels,
User et Moneybrother qui se retrouvaient le lendemain sur la scène de
la Boule noire.
Fans du rock indé pour qui Suède rime avec Abba et Jay Jay Johanson
révisez votre jugement! Ce fût un déluge de décibels,
une explosion de riffs...une sélection imparable !
Hells on Wheels, trio guitare/chant, basse, batterie ultra
percutante, n'a rien à envier à ses "homologues" américains.
L'acoustique, guitare sèche, caisse claire et basse, préfigurera
déjà le concert électrique qui dans l'énergie, l'attitude
et surtout dans le jeu, l'attitude et la façon de chanter de la bassiste,
copie conforme d'une Kim Deal au mieux de sa forme, rappellera le rock des Pixies
. Le chanteur guitariste doté d’une voix forte très expressive,
tout en s'adaptant à des rythmes plus pop, et d'une énergie hors
du commun, ne reste pas en place, saute et cours en tous sens, ponctuant ces
chansons de quelques mots sur les textes ou de petites plaisanteries.
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Pas de temps mort dans ce set bluffant dont le rock franc et efficace associés
à des mélodies impeccables nous laisse un indéniable goût
de "revenez-y" . Un excellent groupe de rock donc qui confirme son
talent sur disque à l'image de "Nothing left" ou bien
"A summer killing a spring" avec son duo chanteur/batteuse
pixisant en diable !
Avec User, la surprise est de taille. En acoustique, deux
guitares et une basse toutes sages, et une lolita à voix fluette pour
un petit quart d'heure de pop sucrée comme un bonbon, toute en douceur,
presque planante. En électrique, le groupe est détonnant : une
batterie puissante, une guitare survoltée, une basse échevelée
et une chanteuse vibrionesque nous assène une prestation musicale et
scènique époustouflante!
User évolue quelque part entre le gothic/ métal excité
de Gathering (excepté Souvenir, beaucoup plus calme) et le pop/rock
véloce des Transvision Vamps (.... et ben voilà, c'est
l'occasion d'écouter ce fabuleux groupe puisque vous ne connaissez pas
!). Le tout mâtiné d'un brin de Rage again the Machine,
de Foo Fighters avec le registre vocal de Skunk Anansie et
vous aurez une idée de la puissance de feu du groupe.
Dernier groupe de la soirée mais non des moindre, Moneybrother
alias Anders Wendin et sa bande. 1 batteur, 1 guitariste, 1
bassiste, 1 clavier et 2 cuivres ! 7 personnes sur la scène exigue de
la Boule Noire et qui plus est 7 énergumènes excités comme
des puces à l'idée de jouer en France. C'est chaud comme la braise
et une fois de plus totalement différent de la veille où Anders
avait joué seul en acoustique dans un style plus proche d'un Jonathan
Richman que de la bande de joyeux lurons déchainés à
laquelle nous aurons droit ce soir.
Tout commence sur "Reconsider Me" et son intro sur une sonnerie
de téléphone à tue-tête (à proprement parler
vu la débauche de décibels) pendant laquelle le groupe investit
la scène pour un morceau qui démarre gentiment, guitare acoustique
et voix de crooner pour une très belle berceuse... qui se transforme
en un ska endiablé assez rapidement, guitariste debout sur la batterie,
saxophoniste tout droit sorti des Specials et tromboniste allumé gesticulant
de toute part ! Un régal pour les yeux !
Tout ce petit monde apaisé, c'est reparti pour un morceau calme, sur
lequel Anders prend une voix popy proche des minaudages de Ian Mc Culloch
mais dans un style semi pop et semi soul (choeurs a l'appui assurés
par les 2 cuivres qui finalement passent plus de temps à faire les choeurs
et accessoirement les zouaves qu'à souffler dans leurs gros instruments
avec lequel je n'ai toujours pas compris comment il n'avait pas réussi
à assommer le guitariste placé juste derrière à
force de gesticulations).
Anders et ses complices ponctuent les morceaux de minis skectches sur le mode
"nous sommes a Paris pour la première fois, putain on est trop contents"
voire même d'un "merci motherfuckers" du plus bel effet... ou
bien Anders mimant de vouloir arrêter de chanter une chanson à
grand renfort de larmes de crocodiles parce que le bassiste s'est trompé...
ils s'amusent visiblement et le spectacle est autant pour eux que pour nous.
Et si les musiciens maitrisent parfaitement leurs instruments malgré
leurs facéties, Anders n'est pas en reste avec sa voix remarquable, profonde,
chaleureuse, capable de passer de cris de fausset à une soul profonde
à la Barry White.
Une perfomance physique et musicale parfaite pour ce groupe qui devrait faire
parler de lui assez vite en Europe. |