Farce tragique de Copi, mise en scène Raphaël Bouvet, avec Laurence Berger, Sandra Choquet, Emilie Incerti-Formentini, Sylvie Liria, Claire-Anne Ménaucourt et Delphine Poudou.
Dans le cadre de la 7ème édition du festival des jeunes compagnies programmé dans le cadre des Scènes d'été du Théâtre 13, qui se déroule du 10 au 29 juin 2008, la Compagnie Farfal frappe fort, dès le 3ème jour, avec un spectacle abouti, cohérent et maîtrisé.
Et ce, de manière d'autant plus remarquable qu'il s'agit de l'univers et de la plume de Copi avec "L'homosexuel ou la difficulté de s'exprimer".
Copi, un dramaturge impossible à monter et qui, souvent, ne l’a bien été que par ses compatriotes tels Alfredo Arias ou Marcial Di Fonzo Bo. L’âme argentine peut-être, pour ponctuer la sarabande de la mort d'un éclat de rire.
Dans cette pièce kaléidoscopique qui joue de la confusion des genres, de la confusion des sexes, de la confusion des rôles et de la confusion de la parole, subversive sans égal et conservant toute son acuité et sa pertinence, la plume de Copi est un scalpel qui tranche les chairs à vif comme les transsexuels opèrent la réincarnation par le corps mutilé.
Copi met tous les codes, sociaux et sexuels, dans un chapeau, il remue bien et il en sort une farce tragique, construite comme une pièce de boulevard où le médecin se nomme Feydeau, qui raconte une tragique histoire d'amour qui lie un trio de transgenres en recherche d'identification identitaire.
Raphaël Bouvet signe une mise en scène décapante et reposant cependant sur de solides bases classiques, au bon sens du terme, et, en tout état de cause particulièrement réussie, qui va de l’intelligence du texte à la direction d’acteur, dans laquelle rien n'est laissé au hasard.
La prestation des trois comédiennes relève de la performance et leur interprétation est exceptionnelle et enthousiasmante.
Epoustouflante, Claire-Anne Menaucourt, infâme nourrisson défécateur, adolescente nymphomane, dragqueen platinée et anorexique venue d'un monde mutant et pantin désarticulé, est déchirée entre Madre, la mère incestueuse, infanticide et dévorante superbement campée par Emilie Incerti-Formentini, au look de diva rock trash à la Beth Ditto, leader charismatique du groupe Gossip, et Madame Garbo, sorte de caballero espagnol d'Arroyo version glamour venue du froid, remarquablement représentée par Delphine Poudou.
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