Seun Kuti, qui n’est autre que l’un des fils reconnus de Fela Kuti, sort une petite bombe africaine qui répond au nom de Many Things. Oui, le fiston à la tête du légendaire orchestre Egypt 80, dont il a pris la tête à la mort de son père, en a des choses à dire.
Ce disque est un brulot politique afro-beat, qui concilie habilement rythmes à danser et paroles engagées. Il suffit de voir les titres "Don’t give that shit to me" où Seun chante le refus de se faire manipuler, la façon dont on traite l’Afrique, ceci sur fond de cuivres fiévreux et hypnotiques. "Mosquito Song" qui dénonce le peu de moyens mis en œuvre par le gouvernement Nigérian pour lutter contre le paludisme, "Na Oil", écrit par le chef d’orchestre d’Egypt 80 parle de la répartition désastreuse des richesses au Nigéria.
Le tout balance avec un sens du rythme nerveux, entêtant, par lequel on se laisse volontiers envoûté. Les influences hip-hop de Seun doivent y être pour quelque chose. L’Afro-beat, mélange de funk, de jazz (Seun est saxophoniste), de hip-hop, et de chants africains ? Oui, c’est un peu ça, et beaucoup plus : dans cet album, c’est en quelque sorte le cri d’un peuple.
La famille Kuti s’est souvent exprimée à haute voix contre la corruption des dirigeants de leur pays, ce qui leur a valu de gros soucis, parfois d’une violence extrême (par exemple, la grand-mère Kuti, militante des droits de l’Homme et féministe connue au Nigéria a été défenestrée par les troupes du gouverneur Nigérian Obasanjo. D’ailleurs, la chanson "Many Things" commence sur un discours d’Obasanjo….).
Alors si vous voulez bien tendre l’oreille, Many things vous emmènera faire un petit tour en Afrique, et vous le ferez malgré vous en dansant, pris par l’énergie débordante de ce groupe.
Seun Kuti est en tournée du 26 mai au 17 octobre. S'il passe près de chez vous, faites vous plaisir : allez le voir ! |