Réalisé par Christopher Nolan. USA. 2008. Avec : Christian Bale, Heath Ledger, Aaron Eckhart, Gary Oldman.
Les temps sont durs pour les malfrats de Gotham City. Le lieutenant de police Jim Gordon et le procureur Harvey Dent, aidés par Batman, sont en guerre ouverte contre la pègre locale. Alors qu’ils sont sur le point d’éradiquer le crime organisé de la ville, leur association va être mise à l’épreuve par un génie du crime : le joker.
Ce nouvel épisode de Batman confirme le tournant déjà amorcé par le précédent, Batman begins.
Le britannique Christopher Nolan a décidé de montrer le côté le plus sombre du héros. Le premier ingrédient utilisé : un changement radical de décor. Tim Burton avait fait de Gotham City une ville tentaculaire aux aspects gothiques, baignée par une lumière blafarde. Dans Le Chevalier Noir, l’action se déroule dans une ville on ne peut plus réaliste : le tournage s’est déroulé à Chicago. De nombreux plans panoramiques viennent imprimer la cartographie du lieu, le réalisme est donc au rendez-vous. Fini les décors inspirés par les comics, on reconnaît la ville et l’identification devient plus évidente.
Autre ingrédient et pas des moindres : les personnages. Commençons par le génial Joker, brillamment interprété par Heath Ledger qui décèdera peu de temps après le tournage. Ce dernier est le méchant le plus effrayant qu’on ait eu l’occasion de voir. En effet, il n’a aucune autre motivation que celle de mettre Gotham City à feu et à sang. Contrairement à la pègre, il est complètement affranchi de l’argent, son empathie est au degré zéro, et détruire la ville et ses habitants ne constitue qu’un jeu à ses yeux. Personnage enfantin et mélancolique (son maquillage a coulé, comme s’il avait pleuré), assassin brutal, il ne craint pas de mourir, ce qui en fait le pire des ennemis.
Ce joker là semble catalyser la peur des américains de ne plus pouvoir se protéger du terrorisme : personne n’est plus à l’abri. Face à lui, le procureur Dent, qui souhaite sincèrement rétablir la paix dans sa ville. Ce combat va le soumettre à des choix difficiles, et cette confrontation à l’ultra violence va le révéler sous un autre jour. Il deviendra le "double-face", personnage complexe et torturé par l’envie de vengeance et la volonté de justice.
Enfin, Batman ici appelé le chevalier noir, semble désormais baisser les ailes. Il continue, rassurez-vous, à combattre le mal ceci à grand renfort de coup de boules et de jouets technologiques, mais ceci avec une résignation qu’on ne lui connaissait pas. Le héros devient un paria et s’incline face aux vicissitudes du destin. Il ne se battra pas pour retrouver l’amour de Rachel, il acceptera d’être jugé à tort par ses contemporains, ceci pour l’interêt général. Le super-héros est bien mis à mal dans cet épisode, mais sa dignité, et son humanité lui feront gagner en superbe.
Christopher Nolan a réussi son dernier Batman, proposant un blockbuster esthétique et divertissant qui propose toutefois quelques pistes de réflexions. On le voit dans les autres films issus des Marvels : le discours qui semble se dégager est que face au terrorisme, il ne reste que la solidarité, ne comptez plus sur les super-héros pour vous sauver, même eux peuvent avoir la gueule de bois. |