Comédie de Molière, mise en scène de Marina Valleix et Kaddour Dorgham, avec Laure Berend, Dominic Gérardin, Mathieu Gorges, Kristine Lacassagne, Gino Lazzerini, Marina Valleix et Christophe Samocki.
Œuvre de jeunesse de Molière, "Le médecin volant" recèle sous une intrigue sommaire, révélée dès la première scène, et fortement empreinte de commedia dell'arte, les thèmes de prédilection et les figures récurrentes qu'il déclinera à l'envi - le mariage forcé, le barbon crédule, le valet fourbe et la charge sociale avec, en l'espèce, la satire de la médecine, ou plus précisément de ses charlatans - et les prémisses du théâtre dans le théâtre.
Avec quelques éléments de décor naïf de carton pâte, Marina Valleix et Kaddour Dorgham restituent le plaisir enchanté du guignol et font la part belle à la gestuelle essentielle de la commedia dell'arte menée à bon train qui réjouit les cœurs.
Le père qui n'a de cesse de marier sa fille, une amoureuse énamourée un tantinet gourde qui fait la paire avec son bien aimé secret (Laure Bérend et Mathieu Gorges parfaits), et de préférence à un vieux riche, ici un Gorgibus encore à peine sorti de sa rusticité qui a encore gardé un caractère débonnaire (Dominic Gérardin bonne pâte) est gentiment abusé par un stratagème mis au point par sa nièce (Marina Valleix épatante en délicieuse rouée entremetteuse).
L'instrument et le protagoniste de ce stratagème est un valet un peu nigaud qui fourbit les premières armes qui en feront un fourbe consommé. Propulsé docte médecin, ne devant son salut qu'à ses ruses et un sens inné de la comédie, Sganarelle est ici joliment interprété et assuré par Gino Lazzerini qui, volant d'un rôle à l'autre, avec un double masque, celui du faux médecin et de son faux jumeau, pour un numéro de haute voltige sous le regard suspicieux d'un savant (Kristine Lacassagne) et d'un valet inquiétant (Christophe Samocki trouble à souhait).
Et la farce est consommée avec entrain, rire et vivacité.