Evil
Urges, le cinquième album de My
Morning Jacket a été enregistré
à New-York loin du Kentucky d’où sont originaires
ses membres.
Formé voilà une décennie, le groupe n’a
pas encore trouvé un écho important chez nous
et ce, malgré un album de référence Z qui
aurait pu leur apporter une reconnaissance certaine.
Pour ce présent opus, la volonté de changement
et la prise de risque semblent de mise. Ainsi, outre le changement
d’horizon, le combo délaisse le producteur John
Leckie, un vieux routard expérimenté (The
Stone Roses, Muses, Radiohead) pour laisser les manettes au
chanteur Jim James.
Ça commençait plutôt bien. Les premières
notes de l’intro de "Evil Urges"
sonnaient même joliment à mes oreilles. Des petites
notes aigues imprimaient une mélodie ma foi assez plaisante.
Puis Jim James attaqua le chant et là les choses se compliquèrent
sérieusement. Le début d’un long, très
long moment de solitude du chroniqueur.
La voix du leader se résuma alors à un petit
filet de voix quelque peu pathétique. Cependant les choses
s’arrangèrent légèrement avec la
chanson suivante "Touch me, I’m
going to scream", gentille chanson pop qui sans
atteindre des sommets, restait écoutable. Mais l’espoir
fut de courte durée puisque tenace, Jim James remit le
couvert dans "Hifgly suspicious"
avec une voix faussement sensuelle à la Prince
(oh pardon, love symbol) et des chœurs russo-robotiques.
Et la suite ne fut pas forcément plus heureuse : "Sec
Walkin" sortait d’un show des années
70 de la télé américaine avec un chant
presque crooner à la manière d’un Paul
Anka et "Two Halves"
était une chanson pop agrémentée d’une
mélodie sans imagination tout comme "Aluminium
park" au refrain entendu un bon millier de fois. Légère
éclaircie, "I’m amazed"
virait dans l’americana assez plaisant et "Librarian"
dans une veine folk n’était pas désagréable
mais subissait malheureusement une reverb dont le niveau avait
été oublié au maximum.
Finalement, au bout de quatorze titres, l’album se clôturait
(enfin !?) sur 12 secondes intitulées "Good
intentions" qui me faisaient réaliser que
chaque instant de la vie est précieux et ne doit décidément
pas être gâché (en fait, il ne s’agissait
que de 2 secondes bruitistes et 10 de vide cosmique).
Einstein l’avait dit et la preuve est là. Le temps
peut se dilater et sembler long, très long. Avec des
mélodies assez faciles, des clichés en veux-tu
en voilà, Evil Urges peine à étonner et
même à séduire. Il oscille entre l’écoutable
assez fade et l’envie de passer directement à la
chanson suivante voir à l’arrêt définitif
de la chaine hifi.
Pourtant, subjectivité oblige, chacun se fera son idée.
Bon courage.
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