Comédie
de Mark Hampton et Mary Louise Wilson, mise en scène
de Jean-Paul Muel, avec Claire Nadeau.
Tout est rouge, le voilage, la méridienne art déco
revisitée glamour pop avec ses coussins cœur, la
myriade d'ombrelles japonaises, pour composer l'écrin
de "La Divine Miss V.", Diana Vreeland, rédactrice
en chef du magazine Vogue et célébrissime papesse
de la mode dans les années 60, femme extravagante et
redoutable dotée d'une rare clairvoyance pour prévoir
les tendances et impulser les modes.
Au moment de son renvoi du magazine, quand les projecteurs
de la gloire et de la célébrité se détournent
d'elle, vient l'heure du bilan que les auteurs, Mark Thompson
et Mary-Louise Wilson, ont conçu comme une rétrospective
de sa vie qui est également une chronique de son époque
émaillée de rencontres avec la fine fleur qui
composait la jet set de son époque.
Une extravagante douée donc, pour qui le style, celui
qu'on se forge, marqué du sceau de l'élégance
et du chic. Et du style Claire Nadeau n'en manque pas. Sans
jamais verser dans la caricature, elle se glisse dans l'exquis
et presque monacal costume noir dessiné par Christian
Gasc pour une divine corsetée dans un maintien imparable,
entre bonne éducation et affectation, avec une aisance
parfaite et un naturel évident, jusqu'à l'extrémité
de ses ongles laqués… rouge.
Seule en scène, elle se délecte d'un texte savoureux,
léché et toujours traversé d'un humour
caustique, dont la version française est due à
la plume de Jean-Marie Besset, qui, grâce à la
mise en scène "en situation" de Jean-Paul Muel,
ressortit davantage à la conversation avec le public
qu'au monologue.
Drôle, pétillante, elle incarne avec talent, générosité
et humanité un vrai rôle en évitant la caricature
même si la femme, dotée d'un sens certain de l'autodérision
et qui a également eu son lot de chagrins, est devenue
un personnage emblématique certes du luxe, du snobisme
et d'une certaine vacuité mais pour qui le paraître
était, et devait être, le reflet de l'être.
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