La
11ème Biennale Internationale d'Architecture
se déroule du 14 septembre au 23 novembre 2008 à
Venise sous le thème "Out
There. Architecture Beyond Building" choisi par
son directeur artistique Aaron Betsky.
Architecte, universitaire, ex-directeur de l'Institut néerlandais
d'architecture et actuellement directeur du Musée d'art
de Cincinnati, ce dernier a donc choisi un thème très
ouvert qui va au-delà de la notion d'architecture entendue
traditionnellement comme l'art de transformer, de concevoir
et de construire des édifices et des espaces extérieurs.
Ce qui permet de présenter des installations et projets
divers tenant tant au design, au paysagisme qu'à l'art
- mais dans "architecture" n'y a-t-il "art"
- ainsi que des architectures expérimentales.
D'où de sévères critiques, notamment en
ce qui concerne l'exposition à l'Arsenal, résultant
du seul choix du commissaire, quant à la personnalité
des architectes distingués et qui ne comprend aucune
proposition pour un bâtiment, sur une biennale qui se
présente comme une vitrine pour l'élite de l'architecture
d'avant garde.
Toutefois cette ouverture en fait une manifestation plus largement
accessible au public néophyte.
Des pavillons éclectiques
Au
demeurant, les pavillons nationaux ont fait de ce thème
des lectures bien différentes.
Ainsi, la Grande Bretagne présente des projets de batiments
d'habitation austères, la Suisse très sérieuse
présente des études de cas réservés
aux spécialistes, les Etats Unis se penchent sur l'habitat
des couches sociales défavorisés et avec "L'italia
cerca casa", le pavillon italien se penche sur l'habitat
collectif depuis 1930.
Le
pavillon français est placé sous le commissariat
de Francis Rambert, journaliste, critique et directeur de l'Institut
français d'architecture.
Il accueille un projet intitulé "GénéroCité,
généreux vs. Générique" autour
de la mouvance des architectes du collectif French Touch avec
une articulation chronologique mettant en résonance des
projets de référence réalisés depuis
1960 et des projets contemporains.
Dans l'ancien entrepôt de carburant de l'Arsenal, la
Chine expose sagement sur des anciennes tables d'écoliers
une collection de photographies documentaires sur des constructions
pékinoises, jeux olympiques obligent.
Si
la Suisse présente des études de cas sur la conception
architectonique réservées aux spécialistes,
la Belgique surprend toujours et non sans humour.
L'exposition organisée à l'initiative la communauté
flamande, par l'Office Kersten Geers David Van Severen, se déroule
dans le pavillon dont l'extérieur a été
entièrement recouvert d'une structure métallique
composée de planchers d'échafaudage en aluminium
à l'intérieur duquel "After the party"
prend la forme d'un sol jonché de confettis.
Avec
"The afterlife of buildings", la Pologne, qui a reçu
le Lion d’Or pour la meilleure participation nationale
s'interroge sur le devenir des bâtiments.
Elle expose une série de photomontages de Nicolas Grospierre
et Kobas Laksasur qui détourne la fonction de certains
bâtiments comme, par exemple, la bibliothèque de
l'université de Varsovie transformée en centre
commercial.
La Russie s'interroge sur le paysage architectural de l'avenir
au sortir de l'ère communiste avec le "Game of chess"
mettant en compétition les projets des architectes locaux
et ceux des architectes étrangers.
La
Roumanie expose un mobilier hightech au design sophistiqué
inspiré des mobiliers frustres du passé et l'Allemagne
porte sa réflexion sur le réflexe écologique
et les économies d'énergie.
Elle présente notamment une installation de Ton Matton,
"Technical paradise" composé de plantes en
pots sous perfusion et éclairage artificiel, pour interpeller
sur la destruction de la nature et le recyclage du mobilier
usagé.
Quant au pavillon vénitien, il rend hommage à
l'architecte et designer véntien Carlos Scarpa, mort
en 1978, qui a collaboré pendant trente ans à
la Biennale de Venise.
A l'Arsenal, "Out There. Architecture
Beyond Building" : des propositions artistiques
A
l'Arsenal, dans les bâtiments de la Corderie, le choix
d'Aaron Betsky, qui affirme "We need some icons and some
enigmas", est bien évidemment subjectif correspond
de surcroît aux icones médiatiques de l'avant garde
architecturale au premier rang de laquelle figure Frank Gehry,
dont il fut le collaborateur, et qui vient d'obtenir le Lion
d'Or pour l'ensemble de sa carrière.
Par ailleurs, pas de trace de constructions mais uniquement
des propositions artistiques hautes en couleurs.
Frank O. Gehry Associates expose une oeuvre "in progress"
qui sera édifiée au cours de la Biennale.
Chacune des 38 propositions exposées est singulière,
allant de l'hyper réalisme pop au futurisme utopique.
Le
Lion d'Or de la meilleure installation a été décerné
à l'américain Greg Lynn
pour ses meubles cartoons fabriqués à partir de
jouets recyclés.
Spectaculaire, le "Hyperhabitat" des espagnols de
Guallart Architects est composé
d'objets de la vie domestqiue en plastique transparents reliés
à des ordinateurs voisine avec le "Singletown"
du collectif hollandais Droog Design
qui a planché sur l'habitat pour personne seule.
Reconnaissable
entre toutes, la ligne très organique de Zaha
Hadid Architects se décline ici dans une structure
hybride et modulable, entre habitation et mobilier, intitulée
"Le lotus".
Les croates Penezic & Rogina propose une autre vision,
complètement déstructurée, de l'architecture
d'intérieure avec leur appartement cabines relié
au monde par des fibres optiques.
La réalisation la plus étonnante est sans doute
les "objets architectures" créés par
le bureau new-yorkais Asymptote qui
constituent des "Houses for the Subconscious".
Enfin, hors le site offciel, d'autres pays investissent les
bâtiments vénitiens.
Ainsi,
le National Taiwan Museum of fine arts propose au Palazo delle
Prigioni, qui jouxte la place Saint Marc, une exposition "Dark
City" en invitant six jeunes architectes à proposer
une nouvelle vision dans l'espace de la ville nocturne.
Et la Russie occupe l'Eglise San Stae pour y nicher une crèche
rutilante creusée de niches dans lesquelles sont exposées
des œuvres conceptuelles.
A vous de juger...sur place
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