Comédie dramatique de Carole Fréchette, mise en scène de Claude Viala, avec Léonore Chaix, Hervé Laudière et Cédric Revollon.
On s’agite, on s’affaire : on vient vous raconter une histoire. Et pas n’importe laquelle : celle de Simon Labrosse, ou plutôt de sept jours de sa vie. En tant que personnage principal, il est là bien-sûr ainsi que deux acolytes venus l’aider à raconter.
Il y a d’abord Léo, son ami dépressif chronique depuis qu’un accident d’enfance lui a provoqué une lésion au cerveau l’empêchant d’avoir aucune pensée positive. Et puis Nathalie, une Nathalie employée pour l’occasion et recrutée par petite annonce, qui n’est pas la même que la Nathalie à qui Simon enregistre des messages sur des cassettes qu’il lui envoie en Afrique où elle est partie aider les démunis.
Voilà le genre de spectacle qui fait du bien dans la froidure et la grisaille d’un automne parisien morose. Claude Viala signe ici, dans une mise en scène imaginative et effervescente, un vrai petit bijou de fantaisie, d’humour et de tendresse sur un texte formidable de Carole Fréchette qui interroge sur le sens de nos actions, la quête du bonheur, de l’amour et de soi.
Mais "Les sept jours de Simon Labrosse", c’est avant tout la victoire de l’imagination. Simon Labrosse, au chômage, invente de nouveaux métiers pour s’en sortir (finisseur de phrases, allégeur de conscience...) Certes, ses tentatives ne sont pas toujours concluantes mais cela donne lieu à de belles scènes loufoques et décalées. Simon va rencontrer ses contemporains et le contraste entre son personnage de doux rêveur et les réactions souvent primaires des gens s’avèrera savoureux.
Dans la plus parfaite sobriété, la scénographie (de Loïc Loeiz Hamon) parvient à garder le rythme trépidant qui convient aux aventures de Simon grâce à des portants de vêtements bariolés qui servent à marquer les changements de scène. Un système D qui correspond bien au thème de la pièce. La musique composée pour l’occasion (et plus rock que ses morceaux habituels) par Sanseverino contribue aussi à nous emmener dans la vie originale de notre héros atypique.
Les comédiens sont tous les trois extraordinaires et portent l’histoire sans temps mort. Cédric Revollon (mémorable dans "Les Muses orphelines" l’an dernier) est encore une fois excellent. Sa générosité de comédien confère à Simon toute la naïveté, la débrouillardise et la sympathie de ce personnage qui vit dans ses rêves. Il est aussi attachant que bouleversant.
A ses côtés et contrastant avec le côté humain de Simon, Hervé Laudière qui incarne Léo, le poète maudit, est lui aussi épatant. Toujours vêtu de noir, la déprime incarnée, il est hilarant de pessimisme et de bougonnerie. Et puis Léonore Chaix, ancienne des "Achille Tonic" est fantastique de drôlerie, qu’elle incarne une Nathalie plus préoccupée par son développement personnel que par son rôle de narratrice ou l’un des personnages toujours à côté de la plaque. Son côté décalé est vraiment réjouissant.
Un bol d’air frais à aller déguster d’urgence
pour recharger les batteries durablement.