Comédie dramatique de Jalila Baccar, mise en scène de Claire Fretel, avec Nelson Ghrénassia, Itbissem Guerda, Audrey Le Bihan, Claire Mechin et Matyas Simon.
A Berlin en 2002, la disparition d’un jeune étudiant libano-palestinien va être le point de départ de la gigantesque implosion de l’entourage du jeune homme, soupçonné d’appartenir à un réseau terroriste. Sa sœur, mariée à un Allemand, verra autour d’elle les regards changer et les comportements se durcir à son égard.
Avec "Araberlin", Jalila Baccar, d’une écriture écorchée et crue, nous entraine de fausse piste en fausse piste dans une "tragédie moderne" sur fond de suspicion, préjugés de tous ordres, xénophobie et haine latente qui vont se développer dans un contexte d’angoisse face au terrorisme. Elle dresse un constat résolument noir d’une situation désespérée (et désespérante).
La mise en scène clinquante de Claire Frétel, dans une aire de jeu circulaire autour de laquelle sont disposés les spectateurs, distille ce texte-choc à la fois comme une farce grotesque et comme une sonnette d’alarme. On appréciera la maîtrise des comédiens, au diapason, qui passent d’un personnage à un autre et se changent à vue pour garder un rythme soutenu.
Ce procédé a tout de même pour défaut, outre un petit côté exhibitionniste, de gâcher un peu l’effet de surprise. En revanche, il permet de voir le cheminement de l’acteur vers son personnage et de rester en permanence à l’intérieur de l’action.
Les scènes sombres, parfois violentes, se succèdent et l’on reste sonné par cette histoire qui pointe du doigt le repli sur soi et la peur de l’autre dans un monde de plus en plus absurde où même l’amour n’a plus sa place.
Un spectacle polémique éprouvant mais nécessaire qui démonte le mécanisme du racisme ordinaire et met en évidence l’échec de l’intégration dans nos sociétés occidentales.