S'attaquer à la chronique d'une compilation, c'est toujours en soi un peu d'échec mal refoulé. Echec, parce que c'est s'avouer qu'il y existe encore des pistes qu'on a pas exploitées, exactement celles qu'on a longtemps cherchées et qu'un inconnu connu à headphone vient vous foutre sous le nez. Comme pour vous dire, dans son langage, que vous n'aviez pas assez cherché.

Echec, aussi, parce qu'une compilation est souvent ratée. Apanage du branché tenant sur trois bon titres de 1973 et rempli pour le reste d'illustres titres de série B rangées au placard pour de nobles raisons.

Cette esthétique de la rareté donne parfois de bonnes surprises. C'est le cas de ce Dirty Edits vol.2 qui, après le Vol. 1 (logique, me direz-vous) et la compilation Space Disco de l'année dernière, revient en force pour les fêtes. Sans dinde fourrée aux marronniers. Comme sur le premier méfait, D.I.R.T.Y, collectif de passionnés défricheurs, remet à l'honneur des titres inconnus, même pas crédités sur la setlist. Elitisme ? Point n'en faut. C'est un problème de crédit.

En insérant la galette dans votre Itunes, la magie de la modernité reconnaîtra l'inconnu, et vous découvrirez que le premier titre, "Glastonbury", est l'une des plus belles incantations mystiques écoutées ces derniers mois (années ?), même pas "éditée" par la bande à Dirty tellement le morceau s'insère entre un cantate de Bach, n'importe quelle chanson de Tricky (les bonnes..) et Isaac Hayes. Le reste n'est qu'une longue suite de rivière de beats tous plus frénétiques les uns que les autres.

Loin des compilations Cafe del Mar, loin de Claude Challe, loin de Paris Dernière. Très proche des dernières compilations de chez Strut, fossoyeur des pépites oubliées.

C'est avec un plaisir désarçonnant que l'on se retrouve face à un edit d'Elvis Presley par Pilooski, sorte de gospel dopé à l'EPO, ou JJ Cale surboosté par Joakim de chez TigerSushi. Ecrit comme cela, peu de chances que vous ayez envie de jeter une oreille sur ce Volume 2. C'est ici l'un des problèmes majeurs de la compilation, le manque de rêve présupposé que peut inspirer le travail de nettoyage de non-musiciens, l'agonie des visions devant la tentation d'empiler au lieu de compiler. C'est l'erreur fondamentale que ne commet pas ce disque. Les pistes s'enchainent comme s'il s'agissait d'un seul et même album, que The The, Octet ou Del Shannon n'avaient jamais été que les membres d'une seule et même famille.

Perdu de vue ? Dirty Edits vol.2 ressemblerait presque à l'émission qui terrorisa les 90' : on y retrouve dans les deux cas un être cher qu'on croyait disparu, mais chez Dirty, au moins, la faute de goût est toujours évitée.