Spectacle écrit et conçu par Lucie Valon et Christophe Giordano, mise en scène de Christophe Giordano, interprété par Lucie Valon.
Elle est jolie comme un coeur, Lucie Valon, mais vous ne le saurez vraiment quà la fin du spectacle, quand elle ôtera son nez rouge. Et son coeur, il est gros "comme ça" pour incarner Blank, ce clown virtuel, ce farfadet malicieux, ce trublion angélique, ce diablotin divinement inspiré, émanation réifiée de l'âme.
La surprise première passée, perdu, mais plein de bonne volonté, dans cet univers inconnu, le purgatoire qui, métaphore du monde contemporain, en reproduit l'inhumanité, les dysfonctionnements et les absurdités, Blank tente néanmoins de s'y insérer et d'en comprendre ses règles kafkaïennes.
Un monde qui ne lui dit rien qui vaille, à lui qui est déjà toute vêtu de blanc, un blanc presque provocatoire, comme pour signifier qu'il traversa avec succès ce périple probatoire. Et d'ailleurs, il les obtiendra ces ailes d'ange tant rêvées, tout en gardant son nez rouge, petit signe de couleur vitale, petite tache du péché qui rappelle ses origines humaines, petite incongruité qui marque son insoumission atavique et salutaire.
Lucie Valon et Christophe Giordano, qui assure la mise en scène, ont conçu avec "Blank, un clown au purgatoire", un spectacle qui tient du mime, du jeu clownesque, de la farce et de l'évocation poétique, une gageure totalement réussie qui bénéficie de la magie de la grâce et de la fraîcheur.
Sur scène, Lucie Valon, légère comme une plume d'ange, bien évidemment, a une présence quasi irréelle et cependant prégnante. Mine de rien, elle s'impose sur scène dès les premières secondes, captivant l'attention du spectateur avec ce petit personnage apparemment naif et innocent, à qui on donnerait le bon Dieu sans confession, qui recèle une vitalité et une pugnacité à toute épreuve.
Avec un art consommé de l'expression non verbale, elle ouvre l'espace sur une cosmogonie extraordinaire et tisse une toile arachnéenne sur laquelle elle projette toutes les craintes et toutes les potentialités de ce que l'homme a de plus précieux, et qu'il est parfois bon de lui rappeler, ce bien communément appelé âme.
Bienheureux ceux qui ont vu "Dans le rouge" la première partie de cette trilogie inspirée de "La Divine comédie" de Dante. Pour les autres, il serait totalement impardonnable de rater ce deuxième opus !