Spectacle
conçu par Anne Conti d'après un texte de Jean-Pierre
Siméon, direction d'acteur de Patricia Pekmezian, avec
Anne Conti et les musiciens Rémy Chatton et Vincent Le
Noan.
Voix rauque exténuée, chuchotée, le spectacle
démarre dans le quasi silence et dans l’obscurité.
Et puis peu à peu, par éclairs ou par raies, la
lumière s’immisce sur le plateau.
Tout comme la musique (percussions, guitare, piano) qui va
soutenir le rythme, tout au long de ce "Stabat
mater furiosa", réquisitoire à une
seule voix contre la folie des hommes et leur barbarie.
Les avis seront sûrement partagés sur la version
crée par Anne Conti. On pourra
avancer l’argument que ce texte, certainement un des plus
forts jamais écrit sur la guerre se suffit à lui-même
et qu’il ne nécessite aucun artifice, sinon une
incarnation de tous les instants pour faire entendre ce poème
majeur. Mais néanmoins, il faut voir ce spectacle. Anne
Conti, dont on ne peut que saluer le travail, tenu d’un
bout à l’autre - voire parfait (trop ?) - s’empare
de ce texte-fleuve, le triture, en souligne la musicalité
et met en valeur ce qui lui parle pour au final le magnifier.
Elle y adjoint une admirable partition musicale écrite
et jouée en direct par Rémy Chatton et Vincent
Le Noan sur laquelle elle avance, prenant peu à peu son
rythme de croisière pour atteindre bientôt une
puissance rare et en faire un immense cri d’amour "rock",
soutenu par des lumières somptueuses signées Stéphane
Zuliani.
Ici la prière devient psalmodie. Sur des mélopées
orientales, la voix s’abandonne, l’interprétation
devient charnelle et provoque des images, des sensations. On
peut juste regretter que la comédienne et son incontestable
"savoir-faire" soient trop visibles. Il n’en
demeure pas moins que le travail est imposant et que parmi les
innombrables versions de ce chef d’œuvre de Jean-Pierre
Siméon, celle-ci, vertigineuse par moments, restera certainement
une des plus marquantes.
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