Spectacle conçu et mis en scène par Yves Lenoir d'après un texte de Jean-Pierre Siméon, avec Catriona Morrison et Patricia Dallio à la musique.
La Maison de la Poésie propose en ce début d’année deux versions du chef d’œuvre de Jean-Pierre Siméon. Deux versions radicalement différentes mais qui réussissent l’essentiel : faire passer le texte de ce magistral plaidoyer contre la guerre.
Pour cette seconde version de "Stabat Mater Furiosa" signée Yves Lenoir, le spectateur est invité à prendre place sur le plateau, se fondre au décor pour éprouver un peu plus les émotions de la comédienne pendant le spectacle. Peu habitué à ce genre de configuration et la scène de la salle du passage Molière ne s’y prêtant pas vraiment, chacun se case comme il peut dans un coin ou derrière un pilier pour les plus timides.
Et Catriona Morrison démarre. Son accent anglo-saxon fait courir sa diction au trot ou au galop, mais toujours de façon audible. Sur une composition musicale vivante et évocatrice de Patricia Dallio, qui donne un souffle supplémentaire à la supplique de cette femme, les mots se font entendre - forts et violents comme ils doivent l’être - mais aussi ironiques, tendres ou graves. Et toujours profonds.
C’est une multitude de nuances que distille la comédienne, prodigieuse de présence et de fougue, réellement habitée par ce texte avec lequel elle déambule et danse. Son jeu, extrêmement physique la place au plus-près des sensations que véhicule ce poème-fleuve au fil des différentes séquences.
Dommage que cette version ne permette pas d’avoir la continuité de son regard et donc de ne pas rester immergé durant toute la représentation mais cela est dû vraisemblablement à l’exiguïté du plateau qui réduit à néant le moindre mouvement d’un spectateur mal à l’aise et emprunté alors qu’il aimerait ne pas avoir à lâcher le fil. C’est le seul bémol de cette version brillante portée par une interprète exceptionnelle.