Premier album sobrement intitulé Sholi, du nom de ce trio (Payam Bavafa : voix, guitare, Jonathon Bajus : batterie, Eric Ruud : guitare basse, voix) qui nous vient de San Francisco se révèle être une bonne surprise. Loin des expérimentations quelque peu hasardeuses et de la rage ambitieuse de certains groupes qui soignent davantage une mise en scène décalée que la sophistication de leurs morceaux, le trio malgré sa modestie apparente n'en est pas moins prometteur
Original parce qu'il n'est pas si fréquent de trouver un auteur d'origine iranienne dans les bacs du rock progressif. On n'a pas fini de s'étonner quand on apprend que celui-là même a passé quelques mois en laboratoire à explorer les flux électiques qui irriguent le cerveau. Alors quelles compositions allait-il nous servir ?
Et bien tout naturellement une musique hypnotique, qui conduit son auditeur dans les bas-fonds de sa mémoire ("All that we can see", "Spy in the house of memories") à cotoyer les fantômes et les artistes de cirque ("Tourniquet", "Contortionist"). Monde des profondeurs comme une plongée dans les mers où le temps et l'espace touchent à l'infini. Crépuscule coloré par les parties free jazz du batteur (Jonathon Bafus) qui tambourine à la porte d'une maison abandonnée. Un rythme de marche ou de cortège qui avance sans autre but qu'accompagner les battements du temps.
Sholi a la poésie nostalgique de l'errance dans un monde devenu terne et absurde. Comme si les splendeurs et l'exubérance de la nature ou de la civilisation étaient à jamais englouties. Délicate et apaisante, la musique de Sholi offre un doux bercement, une onde qui caresse à hauteur d'homme. Touché et ému, on n'a immanquablement envie d'en connaître davantage. |