Un ovni sur la platine.
Enfin, presque. Les sons et l’univers sortant des deux enceintes ramènent à quelques terrains connus et chéris. Abe Vigoda, Animal Collective, Black Dice ou encore Black Eyes se rappellent à notre bon souvenir.
Black Eyes, il en est effectivement question. Deux des trois membres fondateurs de Mi Ami, à savoir Daniel Martin-McCormick au chant et à la guitare et Jacob Long à la basse, officiaient au sein du groupe punk-noise de Washington. Pour cette nouvelle histoire musicale, le duo s’est fait trio en s’acoquinant du batteur Damon Palermo.
Alors de quoi est-il question exactement avec Mi Ami ? Lâchons quelques termes et expressions barbares pour se donner une idée : Post punk, 60’s free jazz, funk/disco, rythmes africains, percussions transcendantes, chant possédé tel le gourou en transe emmenant ses fidèles au suicide. Vulgairement et de manière non exhaustive, c’est ça Mi Ami.
C’est aussi 7 morceaux pour près de 47 minutes de rythmes déconstruits et reconstruits, complètement hypnotisant et libérateurs à la fois. Bâti sur les cendres encore brûlantes d’énergie de Black Eyes (leurs lives étaient mémorables), le style Mi Ami est plus concentré et plus cohérent… peut-être un peu trop d’ailleurs, à l’écoute de l’album, cette homogénéité peut avoir la fâcheuse tendance à fatiguer un poil. Ceci dit, il n’est pas question de douter du bien-fondé de Mi Ami.
Leur premier album Watersports a été enregistré en grand partie live en seulement deux jours et demi à San Francisco. Les thèmes fondateurs de l’album étant principalement la peur et l’anxiété… ambiance ! Confirmation prise auprès du titre "The Man In Your House", un rythme répétitif et haletant, un chant plaintif finissant par se transformer en hurlements exutoires en même temps que la guitare et la batterie se laissent-elles aussi aller à l’exercice du lâchage.
"New Guitar", incluant également les percussions transcendantes et les éclats de voix de Daniel Martin-McCormick, contient pourtant une énergie positive évidente ainsi qu’une rondeur toute funky, grâce à une ligne de basse prononcée. Pour "Pressure", on se laisse surprendre par l’apparente douceur d’un chant susurré. Ne jamais se fier aux apparences, le titre tourne évidemment et brutalement en un total freak-out pour l’auditeur hypnotisé.
Mais le titre phare est bien sûr "Echononecho". Evidence pour le groupe également puisque ce titre de 8 minutes et 30 secondes, fait office de premier single. Une voix criant à l’aide, une guitare presque spatiale, une basse plus ronde que jamais. Tous ces sons sortis de l’ombre, ces effets de reverb et d’écho offrent une tension complètement addictive et totalement dansante. Un tube en puissance qu’on aimerait vraiment voir perfomer en live.
On peut d’ailleurs parier sans risque que les exercices scéniques du trio valent leur pesant de cacahuètes.
A ce propos, Mi Ami entame une grande tournée pour promouvoir Watersports. Il ne reste plus qu’à espérer que la France fera partie des élus. |