The Delano Orchestra sort son deuxième album. Le groupe auvergnat, chantant en anglais, depuis son premier album ne manquait pas d’être attendu. N’est-ce pas un peu mégalomane de mettre en place un tel ensemble de musiciens (guitares, basse, batterie, violoncelle, trompette) et jouer dans une veine post-rock pour un public français un peu éloigné de ce genre d’expérimentations ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que ça leur réussit.
A l’instar de Poney Club, groupe tourangeau, dont on vous a parlé dans ces pages, on trouve cette volonté de proposer un album d’une grande cohérence musicale où chaque instrument trouve une place naturelle et particulière, chacun comptant autant que la voix. Il est vrai que la trompette et le violoncelle semblent littéralement chanter. S’inspirant parfois de Arcade Fire ou des Rolling Stones, ils n’hésitent pas à transpercer le son vaporeux symphonique par une escalade de roulements de batterie.
Loin des incantations quasi révolutionnaires des uns, des
contorsions des autres, la voix de cygne blessé et nostalgique de A. Delano n’est peut-être pas très puissante et plutôt rétive aux effets, d’un phrasé parlé plus que chanté, elle se fait murmure puis se tait, devenue superflue. Auteur, compositeur de tous les morceaux, il s’expose au chant comme à regret, plus concentré sur une émotion, un battement intérieur que capitaine d’équipe. Alors le lent mouvement de flux et de reflux de la musique dessine un paysage habité, contrasté, où l’ennui a l’œil chargé d’un pleur involontaire. |