Richard Bohringer, acteur, chanteur, écrivain, réalisateur, scénariste, a également trempé sa plume dans l'encre théâtrale.
A la fin des sixties, il a 25 ans et écrit "Zorglub" et "Les Girafes", deux textes qui, après avoir été éprouvés sous les feux de la rampe, sont actuellement sous ceux de l'actualité en raison de leur réédition chez Flammarion.
Deux pièces de jeunesse donc, selon l'expression consacrée, mais abouties et qui contiennent déjà en germe les pérégrinations d'un baroudeur humaniste qui, des nuits blanches de Saint Germain des Prés au soleil du Sénégal, a traîné ses guêtres et noyé ses dérives métaphysiques sous toutes les latitudes à la poursuite d'une inaccessible étoile, la fille sans visage et sans nom, "la" femme qu'il nomme ici Blanche Neige, figure du désir et de l'amour, seule parade à une vie dont il ne faut rien espérer.
Nourris à la mamelle existentialiste et au lait beckettien, ces textes aux dialogues épiques, vivants et hauts en couleurs sont étonnants et enthousiasmants car non seulement ils offrent de belles partitions aux comédiens avec de vrais personnages archétypaux ce qui n'est déjà pas rien.
Mais de plus ils contiennent également des morceaux d'anthologie dans lesquels Bohringer jeune homme livre des réflexions percutantes sur la mort ("Continuer son chemin déjà mort pour ne pas se dire : Bon Dieu c'est déjà le moment ?"), les voyages ("L'aventure, ce n'est pas le le point de chute ni ce qui différencie le point de départ du point d'arrivée. L'aventure c'est le temps qui sépare les deux"), les putains ("Les putains c'est les seules femmes qui savent pourquoi elles baisent"), les intellectuels ("Les intellectuels n'aiment pas beaucoup les hommes. ils préfèrent leurs problèmes personnels") et l'amour ("...L'amour n'a pas de visage ni d'odeur. C'est la peur de ne pas être reconnu, la peur du vide. Alors on se jette sur un visage, on s'y habitue, on s'y accroche, pour être bien certain d'être vivant et de vivre") que ne désavoue sans doute pas l'homme mûr d'aujourd'hui.
Sur la vie aussi : "C'est pour ça qu'il ne faut jamais rien espérer de rien et vivre tranquillement en la maison du moment avec les pensées de l'instant, ne rien regarder et tout voir, ne rien dire et tout savoir ; ne pratiquer qu'en dilettante, ne plus hair qu'en indifférence, ne plus aimer qu'en souvenir".
Et cependant, point de désespoir ni de véritable renoncement : il y a toujours une girafe qui vous est destinée et comme Simon, qui attend depuis vingt ans dans un parc la jeune fille qui n'est pas venue au rendez-vous, il suffit simplement de trouver le sésame. "Zorglub" était le sien.
Et si Simon avait le visage de Richard Borhringer ? Patience, "Zorglub" devrait être à l'affiche à l'automne 2009 avec en tête d'affiche... Richard Bohringer mis en scène par Romane Bohringer !