Comédie dramatique de Saphia Azzeddine, mise en scène de Gérard Gelas, avec Alice Belaïdi.

Le sort dramatique de Jbara, bergère des montagnes marocaines, qui pour survivre et échapper à la misère, devra se prostituer. Après avoir cru s’en sortir, elle connaitra une fin qui la laissera au bord du chemin. Seule sa relation à Allah, son unique confident, lui permettra de rester debout malgré tout.

"Confidences à Allah" c’est d’abord le texte d’un premier roman signé Saphia Azzeddine. Un texte âpre et cru qui n’épargne aucun détail dans le sordide mais où heureusement l’humour, omniprésent, permet de respirer par moments.

Mais c’est aussi et surtout la révélation d’une jeune comédienne fabuleuse : Alice Belaïdi. Tenant tout le spectacle, son jeu simple et direct nous touche au cœur. Bouillonnante, d’une sincérité confondante, elle est réellement impressionnante dans un personnage qui lui colle à la peau et dans lequel elle dégage une émotion rare de la première à la dernière minute.

La mise en scène sublime de Gérard Gélas (qui la connaît bien pour l’avoir formée au Chêne Noir à Avignon) rend chaque lieu de l’histoire visible et fait s’enchaîner les scènes avec fluidité et précision. C’est du grand art.

"Confidence à Allah" c’est le récit d’une jeune fille qui vit sa propre expérience de la foi. Une foi atypique mais toujours sincère et généreuse. Dans cette descente aux enfers qu’elle va vivre, plus elle s’enfonce, plus son âme s’élève et trouve sa pureté dans un amour désintéressé.

Le texte, particulièrement fort, témoigne de la condition féminine et de l’oppression que les femmes peuvent connaître, non seulement au Maghreb, mais partout dans le monde. Le destin de Jbara, qui cherche simplement "une plus belle vie" est éloquent et nous laisse sonnés à l’issue de ce voyage choc qui est assurément un grand moment de théâtre. Bravo.