Comédie dramatique écrite et mise en scène par Guillemette Galland, avec Claudine Baschet, Annick Brard, Aude Cretien, Anne De Peufeilhoux, Anne-Laure Grenon et Fransoise Simon.
Une maison à la campagne. Trois générations : la grand-mère, la mère et ses quatre filles. Tandis que la mère vaque à ses occupations de mère et que les filles inventent des jeux et des mondes imaginaires, l’ancienne raconte.
Il y a une vraie authenticité dans ce spectacle. L’action s’y déroule au rythme du temps qui passe, les silences parlent, et couvées par la présence rassurante de la grand-mère qui n’en perd pas une miette, les filles se construisent selon un rituel immuable depuis la nuit des temps.
Le texte de Guillemette Galland, tout en s’appuyant sur des grandes figures de la poésie (René Char, Paul Eluard, Robert Desnos…) fabrique sa propre musique, proche du monde de l’enfance et des péripéties familiales qui se déroulent dans cette maison à la fois banale et terriblement romanesque.
Les scènes frappent par leur justesse et leur grande simplicité. On rend grâce à Guillemette Galland d’avoir su restituer ces trésors inestimables exhumés d’une enfance universelle que chacun a un jour au moins vécu. Les tableaux s’enchainent avec émotion, drôlerie et cette impression de "déjà vu" qui leur donnent une force et une troublante efficacité. Tout est dit avec délicatesse et beaucoup de charme poétique.
Que les comédiennes n’aient pas l’âge des personnages importe finalement peu : elles ont toutes su retrouver quelque chose de l’enfance : une mimique, une façon de parler ou de rythmer ses phrases, un geste, un rire… L’une d’elle, Annick Brard (Gisèle) a même quelque chose d’encore plus rare : le regard. Et l’ensemble fonctionne à merveille. On sent tout le groupe investi et motivé.
Un spectacle rare et envoutant, teinté d’une indicible nostalgie, qui chuchote à l’oreille des refrains familiers oubliés. Et on sort de là un peu bouleversé, comme après avoir retrouvé une chose précieuse au fond d’un grenier.