Fable dramatique de Bertolt Brecht, mise en scène de Clément Poirée, avec Philippe Morier-Genoud, Bruno Blairet, Catherine Salviat, Raphaël Almosni, Laure Calamy, Julie Lesgages, David Stanley, Geoffrey Carey, Dominic Gould et Laurent Ménoret.
"Dans la jungle des villes", œuvre de jeunesse de Bertold Brecht, se présente comme une fable métaphysique située dans le quartier chinois du Chicago des années 20 mettant aux prises, dans un affrontement terrible, un combat de vaincus et de sacrifiés, les femmes, deux hommes, un riche négociant en quête de rédemption et un jeune homme en devenir.
Oeuvre dont Brecht disait : Je voulais dans ma nouvelle pièce faire disputer une sorte de "combat en soi" ; un combat sans autre cause que le plaisir de se battre, et sans autre but que de déterminer le "meilleur homme".
A travers le texte français de Stéphane Braunschweig, cette pièce, conçue sous forme de tableaux articulée autour de la polarisation des classes antagonistes et de l'impossible réconciliation, apparaît comme une oeuvre complexe, opaque, déroutante voire hermétique, dans laquelle figurent toutes les thématiques brechtiennes tels le processus capitaliste, l'anomie des villes, l'échange faustien, la solitude de l'être humain, l'anomie des villes.
Malgré un prologue hors scène, de nombreux et longs changements de décor et un entracte, Clément Poirée tient la distance et la cohérence de sa mise en scène sans se désunir, une mise en scène dans la tradition, ou plutôt l'héritage, du théâtre du TNP des années 70, qui repose sur une scénographie dont l'esthétique puise dans l'expressionnisme allemand avec des décors d'un réalisme onirique de Erwan Creff et de superbes et prégnantes lumières de Maëlle Payonne et sur un rythme d'étirement du temps et de brusques contractions de l'action.
Le travail est de qualité tout comme la distribution, menée par Philippe Morier-Genoud, en Schlink lymphatique, et Bruno Blairet, en Garga nerveux, qui est au diapason.