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Interview  (Paris)  30 avril 2009

Izia sort son premier album. Et déjà on en parlait beaucoup. Ceux qui l’avaient rencontrée, ceux qui l’avaient vue ne s’en étaient pas tout à fait remis. En plus de littéralement sidérer le public par des prestations scéniques ravageuses, elle est accessible et agréable. Donc c’était avec une grande curiosité que j’allais la rencontrer. Et puis l’affection que je porte à des artistes aussi généreux que Jacques Higelin, son père et Arthur H le frère ne demande qu’à contaminer dernière du lot.

Et est-ce bien utile de dire que je n’ai pas été déçue. En cette fin de journée lourde en rendez-vous de promotion, nous nous sommes retrouvées dans un square du 3ème arrondissement pour parler de son parcours, de son groupe et cette nouvelle aventure. La jeune artiste est bien armée : à la fois professionnelle et enthousiaste, elle est l’illustration parfaite de la phrase de Corneille : "Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années".

Izia, c’est votre premier disque alors que ça fait des années que vous chantez sur scène. Je me rappelle avec les Matchbox au port de l’Arsenal.

Je n'en ai qu’un vague souvenir. Houlala c’était une énorme blague. On s’était bien marré. C’était des amis de ma mère et je chantais avec une copine, on faisait les choeurs. C’était une chanson sur comment on pouvait détester les enfants.

A l’écoute de votre album, on devine une forte personnalité. On découvre que vous signez toutes les chansons. Est-ce que c’était évident de faire un album en étant autant "maîtresse" du projet ?

Maîtresse quand même pas. Enfin, j’écris les textes, je suis mélodiste et interprète et j’ai co-composé les musiques avec les membres de mon groupe sauf sur deux morceaux de l’album. J’aime bien savoir où je vais, j’aime bien maîtriser. C’est vrai que quand on compose les morceaux, c’est moi qui valide, les accords, enfin tout ce qui se passe. Rien ne se fait vraiment sans mon accord, c’est aussi ma force de caractère de vouloir être un peu sur tous les fronts, de faire l’album qui me ressemble donc je suis contente.

Alors qui sont les membres du groupe ?

Il y a Sébastien Hoog qui m’accompagne depuis le début à la guitare et avec qui j’ai co-composé presque tout l’album.

Il avait un parcours plutôt musical avant.

Oui, il a trente-cinq ans et il a fait des années et des années de guitare avant moi, on s’est rencontré par hasard, par l’intermédiaire de mon ancien bassiste.

Toutes les rencontres sont une suite de hasard à chaque fois. Et on a eu un coup de foudre. Avec mon oeil, je lui dis "pas là", et il va directement où je veux qu’il aille. On se comprend, il sait ce que j’aime. C’est une entente musicale incroyable. Sur du rock. On se complète musicalement. Moi je fais les mélodies qu’il aimerait faire et lui, fait les accords que j’aimerais faire… Il y a un espèce de double cerveau à chaque fois qu’on compose les morceaux. L’entente est directe.

Quand tu dis que tu es mélodiste, tu joues à la guitare, au piano d’abord ?

Je fais toutes les mélodies de l’album, toutes les phrases mélodiques à la voix. Disons que je suis chef d’orchestre du projet. Quand il y a quelqu’un qui vient en disant "j’ai trouvé ça", je peux lui dire, non c’est plutôt ça. Et c’est bien, on y va ou il faut que ce soit un peu plus rapide.

Ce n’est pas un peu comme s’ils couraient derrière toi, qui chantes et qui les pousses à assurer ?

Je mets un peu la barre. J’ai des côtés un peu tyranniques, petite chef. Et puis je suis la seule nana, alors on prend soin de moi et j’aime bien ça. Non, ils sont hyper libres aussi.

Je ne les tiens pas en laisse. Ce sont des grands garçons. Je ne les pousse à rien faire du tout. C’est une entente, un accord mutuel. Moi je suis un peu rapide. Quand ce n’est pas tout de suite, maintenant, ça m’énerve. Dans le travail, je vais très vite.

Donc les morceaux sont vite calés ?

Très vite calés. Ce qui prend le plus de temps, c’est de trouver la bonne idée. Une fois qu’on a l’idée, le morceau est fait en une demi-heure, une heure. Et on le laisse un peu mijoter, on y reviendra plus tard si on n’a pas trouvé les bonnes parties. C’est vrai que ça peut aller assez vite. Vu qu’on est quatre, il y a vraiment une synergie. Il y a vraiment un truc qui se passe. Quand c’est l’une qui n’a pas l’idée, c’est l’autre qui l’a. S'il y en a un qui sait pas trop, l’autre va le mettre d’accord. Ca va très très vite quand on est quatre.

Et le texte arrive à quel moment ?

Alors le texte. J’ai une façon très étrange de composer. Je travaille sur les sonorités et sur l’effet sur l’inconscient. C’est très étrange, mais je me rends compte que c’est comme ça que je travaille. On va commencer un morceau, on joue et moi je vais chanter, mais un peu n’importe quoi sur une base d’anglais, pas n’importe quoi, c'est-à-dire des vrais mots mais un peu assemblés n’importe comment les uns les autres. Et après de vraies phrases vont sortir et de vrais mots récurrents qui, bizarrement, vont être en totale osmose avec l’état dans lequel je me trouve. Je ne suis pas bien, il va y avoir que des trucs mauvais qui vont sortir, et si je suis dans un super état, il va y avoir des mots comme "happy", "love" qui vont sortir. Vraiment c’est des choses qui sortent, sur l’instant.

J’oublie d’abord ce que je dis totalement et les mots sortent tous seuls, c’est une machine, les mots sortent seuls sans que je les dirige et parfois ça fait des phrases complètement incohérentes les unes avec les autres. Après je réécoute ou je me souviens des mots qui sont sortis et je construis une vraie histoire à partir de ces mots-là. Mais c’est vrai, je suis un moulin à paroles.

Mes morceaux sont souvent très autobiographiques. Ce sont des morceaux d’instant. Je ne décris pas une période, mais l’état dans lequel je suis.

Ce n’est pas un travail de studio, où on sait où l’on va.

Les morceaux que l’on a mis sur l’album, ça fait trois ans qu’on les bosse. C’est un album qui a été travaillé sur scène. On a fait une trentaine de concerts avant d’aller les enregistrer. Les morceaux sont rodés. On a transposé un live sur un album, sans tous les pains et toutes les conneries que tu peux faire en live. Ce serait un live parfait et ce serait l’album. Il y a ce côté vachement énergie, dans le sens où on a quand même enregistré en live, tous dans la même pièce. Donc il y a ce côté instant et spontanéité, mais il y a aussi le côté travailler les morceaux. Et c’est ce qui fait un peu notre force, c’est la spontanéité, l’énergie et le côté brut, maintenant, tout de suite, et le côté travaillé et construit des morceaux.

Pas de surprise à l’écoute, c’était exactement ce que tu attendais…

Exactement. Mais il y a eu des surprises. Seb nous a fait des trucs un peu bizarres. Il y a eu des breaks de batterie qui n’avaient jamais été là. Moi je me suis surprise moi-même à faire des lignes mélodiques à la voix, auxquelles je n’avais jamais pensé auparavant. Il y a eu des super belles surprises. Mais je savais ce que j’allais avoir entre les mains.

Je suis ravie de l’album, c’est exactement ce que je voulais. J’ai l’impression d’écouter un live.

Tu n'as pas eu les influences d’un label, d’un manager ?

Ah non, on nous a filé les clés du stud’. On nous a mis là dix jours et nous, on a fait notre truc et on a dit voilà c’est ça.

On a eu de la chance avec AZ qui nous font une confiance aveugle. On ne pouvait pas tricher. On est quatre musiciens qui font du rock sur scène. On n'allait pas en dix jours dire, en fait, on a un orchestre philharmonique. On va changer complètement le délire. Ils nous ont vus sur scène, ils savaient ce que ça allait devenir.

On va faire un album live. Donc il n’y avait pas de mauvaises surprises des deux côtés. Ils nous ont fait confiance. Et c’est ça qui nous a fait nous sentir bien et faire un bon album. On ne s’est pas senti oppressés une seconde. Notre directeur artistique était là, mais il était plus là pour boire des coups et manger avec nous que pour nous dire où aller. Enfin ça me rassurait.

Jamais on nous a dit de faire quoi que ce soit. Il y a aucun réal sur l’album, ce sont nos propres réal.

Je fais confiance dans les gens qui m’entourent. Ils ont fait leurs preuves et maintenant c’est OK. J’ai ce côté où je me laisse porter par les trucs. Et je n’ai que de bonnes surprises en permanence. Et personne ne me déçoit, jamais, pour l’instant tout se passe pour le mieux et je me laisse porter. Je me laisse guider dans cette expérience musicale. Je ne me pose pas trop de questions. C’est à partir du moment où on se pose des questions que tout commence à aller mal.

Pourquoi chantes-tu en anglais ? Cela pourrait se passer de la même manière en français ?

Parce que le rock, c’est anglais. C’est comme ça. J’ai beaucoup répondu à cette question. Mais c’est une évidence. Le rock, ce n’est pas une culture française. En France, on n’a pas une culture rock.

On a Noir Désir.

Oui mais ce n’est pas une culture rock. C’est un groupe qui est arrivé sur le tard. Le rock est né en Angleterre et aux Etats-Unis. Le blues. C’est quand même la langue maternelle de cette musique. Avec tout le talent qu’on peut avoir, que peut avoir Bertrand Cantat, le rock c’est en anglais.

Tu penses que tu ne reviendras pas dessus ?

Alors je ne ferai peut-être plus du rock. Mais ce n’est pas prévu pour le moment. Je commencerai peut-être à y songer vers mes 55 ans, à arrêter le rock.

Est-ce que maintenant c’est un métier, tu es devenue chanteuse ?

Depuis mes quinze ans, je suis chanteuse, j’ai arrêté mes études à quinze ans. Quand Universal m’a fait un chèque, j’ai fait d’accord, c’est un métier. J’étais assez contente. Mais je n’y pense jamais comme un métier. Dire que je fais ce qui me plaît. Je suis dans un tour bus, enfin, pour l’instant, on n’a pas encore le tour bus, pas encore. On a un petit camion trop cool.

Je suis dans une caisse, toute la journée avec mes meilleurs potes. On boit des coups, on fume des clopes, on se marre, on joue à Tétris dans la bagnole, on se fait des vannes. Le soir, je vais faire une heure de show. Je veux dire, je mange bien, je mange des produits du terroir. Je suis juste avec mes meilleurs potes et je fais de la zique. A un moment il faut arrêter, c’est pas un métier ! On me dit : "- Alors Izia, tu t’es bien marré ce week-end ?
- Bah oui, chanmé. J’étais avec mes meilleurs potes.
- Et bien tiens, voilà de l’argent.
-Et bah écoute super, à la semaine prochaine dans ce cas-là.

Je suis chanteuse de rock, je m’écoute parler, et je me fous de ma gueule. Et en fait je suis vraiment chanteuse de rock. C’est ça qui est hallucinant. C’est comme une nana qui dit qu’elle veut être vétérinaire et qui devient vétérinaire. Moi, j’ai dit que je voulais être chanteuse de rock et je suis chanteuse de rock. Ca n’arrive jamais ! Cela m’étonnerait que toutes les maîtresses aujourd’hui ont dit quand elles étaient petites qu’elles seraient maîtresses. C’est la même chose pour moi, mais avec chanteuse.

Tu dis que tu as arrêté les études à quinze ans. Sans regret ?

Aucun. Je me suis consacrée à la musique. Ce n’était pas de l’ennui ou une révolte d’ado, c’est un profond malaise. C’est un non sens complet de penser qu’un système est adaptable à tout le monde. Mais je faisais partie de la catégorie non adaptée à ce système. Et en plus, j’avais acquis une certaine sensibilité puisque j’ai été dans une école Montessori. C’est une école avec un système parallèle au primaire qui laisse plus d’indépendance et de liberté d’expression à l’enfant. Et là-bas tu dis "chiante" et c’est l’insulte suprême. Tu as un respect entre les gens. Les maîtresses sont comme des mamans, elles te font des câlins. C’est la maison et tout le monde est heureux et fait des rondes autour de la terre. Donc tu m’étonnes ! Tu arrives en sixième, dans un collège privé, tout près de chez moi. Là j’ai entendu "connasse" et j’ai fait "comment tu parles".

Déjà, j’ai été marginalisée dans ma tête, je ne me sentais pas comme les autres vraiment. En plus, j’ai été marginalisée par mes parents qui ne me parlaient pas comme à une enfant, on m’a toujours tout dit, tout présenté. Et en plus, j’étais dans une école qui marginalise l’enfant à mort. Alors avec ces trois trucs là, c’est vrai qu’avec l’école, ça n’a pas été un coup de foudre absolu et avec les gens autour de moi non plus. Il y avait un profond mal être. J’arrivais devant la grille et je fondais en larmes et je me cassais en courant.

J’ai arrêté très tôt et je me suis consacrée à la musique. Pour moi, je suis chanteuse de rock depuis que j’ai signé mon contrat. Avant, j’étais jeune adolescente qui faisait de la musique. Maintenant, c’est concret. Je suis chanteuse de rock. Je fais mon métier. Et c’est quand même le métier le plus cool du monde. Plus on a parle, plus je réalise. C’est mon métier. C’est de me marrer.

Mais être connue, c’est peut-être moins drôle.

J’ai hâte. Je ne sais pas. Advienne que pourra.

Pour une femme, est-ce un parcours du combattant ? Tu disais que tu étais plutôt protégée dans le groupe.

Non, ce n’est pas plus difficile. A partir du moment où tu fais tes preuves. Cela devient même un atout. Elle a 18 ans, c’est une nana et en plus, elle envoie.

J’ai des talons de quinze centimètres. Je mets des mini-robes avec des collants, bien coiffée, maquillée. Quand j’arrive aux balances dans les salles de province, les gros techos qui sont là depuis 40 ans nous voient débarquer et disent : "C’est quoi cette meuf ?!?" Surtout quand tu vois les musiciens : tu as un mécheux, c’est très parisien, le batteur c’est un petit mec 40 kilos tout mouillé... "la bande de loosers"

Dans les faits, quand on arrive sur scène et qu’on fait la balance, on envoie à mort. Tous ceux qui nous ont à peine regardé s’approchent et disent : "ça va, tu as tout ce qu’il te faut". Et on leur fait des gros f., tu vois enfoirés !

C’est plus parce que vous êtes jeunes ?

Ah non on n’est pas jeune. Ils ont 35 ans et 35 ans et 25. Je suis la plus jeune du groupe.

Et tu as quel âge ?

18. On n’est pas un groupe de lycée. On n’a pas tous le même âge. Les mecs envoient sérieusement musicalement, ce sont de très très bons musiciens. Moi je chante. Et derrière ça assure aussi, ce n’est pas de la blague.

Et tu as travaillé la voix ?

Non, jamais et c’est très mauvais. Il faut que je commence à bosser sinon à 23 ans, je serai aphone. Je serai obligée de faire la manche comme Marianne Faithfull dans les rues de New-York.

Elle n'a jamais fait ça ?

Non mais tu plaisantes ! Pendant deux ans, elle a fait la manche dans les rues de New-York. Après sa rupture avec Mick Jagger, elle n'était plus rien. Et pendant deux ans, elle était dopée, crackée à mort et elle a fait la manche. Tout le monde qui la connaissait passait devant elle et lui amenait des trucs à bouffer, tous les mecs des Rolling Stones et tout le monde s’en foutait. C’est une histoire véridique. Tu peux lire sa bio.

Et comment tu prépares les concerts, pour donner autant de choses ?

Un petit shot de whisky et un gros câlin avec mes potes. Je ne suis pas du tout dans le trip de l’artiste "laissez moi seule, j’ai besoin de me concentrer".

Après le concert, j’ai vraiment besoin d’un quart d’heure pour me remettre de mes émotions, parce que généralement je n’arrive plus à marcher, je n'arrive plus à respirer. Je suis complètement vidée, j’ai tout donné. Avant, je suis un peu stressée, j’ai le trac. On est tous dans la loge, on se marre et on y va.

Et le public, si tu as dix personnes, vingt personnes c’est le même chose ?

Dix personnes, vingt personnes oui. Mais dix personnes et 10 000 personnes, non ! En général, on préfère quand il y a 300 personnes. Cela nous permet plus de prendre le truc à la cool. Cela nous permet de faire plus de blagues, c’est comme si on était à la maison sur la scène.

300 personnes, c’est quand même pas mal !

300 personnes, tu peux te la jouer à la cool. Genre entre les morceaux dire tout le monde ça va ? Super ? Bon il prend un peu de temps pour accorder sa guitare. Il peut se passer un truc un peu intime.

Mais il n'y a pas longtemps, on a joué au Printemps de Bourges devant 7000 personnes. Et là s'il y en a un qui traîne, je te jure, quand t’as 7000 personnes qui hurlent. Quand tu as l’autre qui met un peu plus de deux secondes pour accorder sa guitare, tu dis : "dépêche toi mec, là tu vois, c’est la loose !" Ce n’est pas la même ambiance. Bon le show est différent, mais dans l’énergie c’est la même chose.

Et tu fais des apartés sur scène ?

Ouais j’adore, c’est mon moment préféré en général. Je raconte des conneries. S'il y en a un qui dit un truc, je relève. Il y a un vrai contact, même entre nous. Vincent fait un pain à la batterie, je le regarde : Enfoiré ! On est super détendus. Je me marre avec les gens. Je raconte des blagues des anecdotes en fonction des chansons. Après les morceaux, aux gens, demander ça va ? Et tout le monde crie.

Comme vous criez à gauche, et vous criez à droite.

Non je n’en suis pas à ce stade là. Je ne suis pas à la Sinsémilia. Je trouve ça un peu ringard d’ailleurs. J’adorerais me jeter dans la salle.

Tu vas souvent aux concerts, aux concerts des autres ?

Non, je ne vais pas voir beaucoup des concerts. Je tombe sur des concerts par hasard. Et c’est ça que j’aime bien. Cela dépend aussi. Patti Smith, je vais à tous ses concerts. Elle était passée à l’Olympia, j’étais allée les deux soirs quand même.

J’aime bien me laisser porter dans une salle, avec mes potes, il y a un concert et il y a un bar. Et on a des surprises parfois. Je ne suis pas trop groupie, en plus les trucs mastodontes genre des AC/DC à Bercy, tout ça j’ai un peu de mal. J’aime pas trop les grands shows.

Tu as un souvenir, récemment, d’un concert, un groupe que tu voudrais conseiller ?

Il y a les Naïve New Beater que j’ai vus récemment au Printemps de Bourges. Ce sont des mecs qui font de l’électro rock hip-hop mélangés. Ils sont trop drôles. Je les connais vite fait depuis Bourges.

Ce que j’aime chez eux, c’est qu’ils ont une "énergie de bâtard" et qu’ils envoient tout le bois. Ils sont trois sur scène. Il y a un mec aux machines, un mec aux guitares et un mec au milieu, ils sont trois en ligne. Ils sont français mais il parle avec un accent américain. Ils se sont donnés des surnoms. Il y a toute une histoire, c’est trop drôle. J’adore l’idée de se créer des personnages, je trouve ça génial. Alors les Naïve New Beater, leur album sort le 25 mai. Et c’est important.

Mais ils bougent sur scène ? Parce que ça donne l’air un peu statique...

Ah non. Ils ont une énergie hallucinante. A un moment, il fait des sauts et même une chorégraphie.

Dans le registre rock, il y a destruction, quand on suit par exemple les histoires de Pete Doherty et Amy Winehouse. Qu’est-ce que cela t’évoque ? Le rock, c’est forcément état extrême ?

Etat extrême oui mais pas ces états là. Tu peux atteindre des extrêmes sans te doper. Tu as deux façons de te doper, c’est Sébastien Tellier qui avait dit ça, un jour, à l’émission de Fogiel. Il avait dit une phrase que je trouve complètement juste : "il y a deux façons de se droguer : il y a prendre une trace de coc dans les chiottes de Baron ou prendre une trace de coc dans un club à Paris et ça c’est ridicule et il y a fumer une pipe d’opium, durant une croisière en Asie avec les mecs du pays".

Je suis complètement d’accord avec ça. Je ne suis pas en train de faire l’apologie de la drogue. Mais je dis qu’il y a deux façons de prendre de la drogue et qu’il peut y avoir une belle de se droguer. Et eux leur façon de se droguer, elle n'est pas belle. Il n'y a pas de belle façon de se droguer, mes propos peuvent être mal interprétés enfin tu vois ce que je veux dire. N’importe quelle addiction quelle qu’elle soit, ce n’est pas bon de toute façon. La mise en danger, le rapport avec la mort : moi ça ne me fait pas rêver du tout, leur trip. Après, ils font ce qu’ils veulent.

En tant qu’artistes, tu les apprécies ?

Oui j’adore. Leur côté destroy ne me fait pas les déprécier. J'ai vu Amy Winehouse en concert, j’étais désolée pour elle. Elle a complètement raté son concert. C’était affligeant. Et Pete Doherty a écrit de très beaux textes. Il faut qu’il arrête de peindre. Avec ou sans son sang, il faut qu’il arrête de peindre. Il a une très belle sensibilité d’artiste. Et Amy Winehouse, une très grande chanteuse, une voix sublime.

Au niveau de votre famille de musiciens, est-ce c’est important l’avis qu’il porte sur votre travail ?

En général, je leur montre à la phase complètement finale du projet. Et puis on est très indépendant les uns les autres dans le travail, on ne se marche pas sur les platebandes. On n’interfère pas dans le travail des autres. On écoute le projet une fois terminé. On n’interfère pas durant toute l’évolution du travail. Mon père est en train d’enregistrer son disque et je ne vais pas le voir. Il n’est pas venu quand j’enregistrais le mien et Arthur encore moins.

Après, bien sûr, c’est important que ça leur plaise, comme dans les rapports père/fille. Il y a : "j’aime ta musique". On n’écoute que le produit fini, on n’interfère pas. Cela nous intéresse naturellement. Chacun fait son truc. Il y a un très grand respect. Immense. Et beaucoup d’amour.

Ce n'est pas trop dur de devoir parler les uns des autres, en étant la petite dernière ?

Non ça va. Je le vis super.

Mais c’est Izia, et pas Izia Higelin.

Oui c’est Izia, parce que Izia Higelin ça ne sonne pas très bien. Izia, c’est beaucoup plus joli. C’est mon prénom, je ne vais pas m’appeler Corinne. Il y a Jacques Higelin, Arthur H, et puis Izia, à la fin on met plus rien derrière. Mais c’est aussi le nom du groupe. C’est une entité, c’est aussi une idée.

Est-ce que tu prévois une sortie en Angleterre, au Canada ?

Ce n’est pas prévu. Il faut d’abord se faire connaître dans son pays avant de conquérir les autres. On verra comment ça se passe.

Il faut voir si ça marche dans mon pays. Si les anglais voient que ça ne marche pas en France, ils ne vont jamais acheter le produit. Cela reste des biznessmen, le rock anglais… Bon, pour le moment, ce n’est pas prévu mais c’est peut-être dans les rouages. Mais c’est sûr j’adorerais voyager avec ma musique.

Et bien on te le souhaite vraiment.

 

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Crédits photos : Thomy Keat (Toute la série sur Taste of Indie)


Sandrine Gaillard         
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