Réalisé par Sam Raimi. USA. 2009. Horreur fantastique. Avec Alison Lohman, Justin Long et Jessica Luca.

Christine Brown est employée de banque spécialisée dans l’attribution de prêts. Un jour, elle reçoit madame Ganush, dame âgée venue lui demander un prolongement de prêt immobilier. Christine qui souhaite faire carrière prend la difficile décision de lui refuser, malgré le fait que ceci mette cette femme à la rue. Elle doit alors faire face à la colère de la vieille qui lui lance un sort.

Peu de temps après, Christine va être victime de faits bizarres et inquiétants. Afin de comprendre ce qui lui arrive, elle va consulter un médium dont le diagnostic va être sans appel : elle est poursuivie par le Lamia, sorte de démon invoqué par la sorcière qui va la torturer pendant trois jours avant de l’emporter en enfer…

Le temps est compté : elle fera tout pour se débarrasser de cette affreuse malédiction, aidée par son petit ami peu crédule, mais désireux de l’aider.

Sam Raimi revient à ses premières amours avec le très réussi Jusqu’en enfer. Dans ce film, on retrouve avec un plaisir régressif ce qui avait fait le succès de Evil Dead. L’horreur selon Raimi, c’est l’intrusion du fantastique dans le quotidien d’antihéros, le tout en riant.

Ici, le personnage principal est une jeune et jolie banquière qui malgré ses douces apparences refuse un prêt à une vieille femme en sachant pertinemment qu’elle va finir à la rue. On ne peut pas dire que cette héroïne provoque l’admiration. Il en était de même pour Bruce Campbell dans Evil Dead qui campait un jeune écervelé parti pour un séjour campagnard avec ses amis, et dont la curiosité mal placée va provoquer des catastrophes. Dans les deux cas, on a envie qu’il leur arrive plein de misères. Et on n’est pas déçus.

Ici l’élément déclenchant les hostilités s’affiche dans l’air du temps...On pense à la crise des sub-primes aux USA, mais on pourrait l’étendre à la crise mondiale qui laisse sur le bord du chemin les plus faibles. Seulement ici, la vieille ne se laisse pas faire. La jeune femme va se retrouver avec une belle malédiction collée aux escarpins. Raimi s’en donne alors à cœur joie. La jeune femme sera baignée dans des flots de bave, de morve et autres. Sa fragilité apparente sera mise à rude épreuve…Toutes ces matières évoquent ce que la société en crise ne cesse de cacher, et que l’on devra voir tôt ou tard : la pauvreté, la misère, la saleté etc. L’héroïne fait les frais de son égoïsme, elle est ainsi obligée de littéralement gouter à ce qu’elle snobait jusqu’ici…

Sam Raimi intronise le fantastique de façon graduelle. Tout commence par des signes que seul le héros perçoit. Souvent, il prend forme via un objet qui fera le lien entre le réel et le fantastique. Ici, ce sera un affreux mouchoir plein de morve (quand je disais plaisir "régressif" , je n’exagérais pas) qui va poursuivre la pauvre Christine, prémisse de sa descente en enfer. Ca vous fait rigoler, hein ? Moi aussi, j’ai ri, mais j’ai aussi frissonné. Le spectateur et l’héroïne savent que ce ridicule et cradingue morceau de tissu est animé par les plus mauvaises intentions. Raimi nous rappelle que ce qui nous fait le plus peur est ce que l’on ne voit pas, ni ne comprend…Ainsi, le démon qui poursuit la belle n’apparaitra que sous forme d’ombres, d’éclats de vitres, et de courants d’air ultra nerveux.

Un autre clin d’œil aux Evil Dead, c’est la traditionnelle bagarre avec une sorcière. Elles se défendent bien les bougresses ! Cela donne en général des scènes d’où l’on ressort hilare, mais pas indemnes. Ces sorcières à qui on peut faire un œil poché existent puisqu’on peut les atteindre. On est loin de l’intouchable et invisible sorcière de Blair…On revient toujours à l’équation posée par Raimi : on peut toucher du doigt le fantastique, mais attention de ne pas le provoquer trop, on risque de le payer.

Alors je ne saurais que vous conseiller d’aller voir ce film. Si vous venez de vous faire recaler suite à une demande de prêt, vous vous délecterez des malheurs de l’héroïne, par contre, si vous êtes banquier….et bien vous saurez faire preuve d’humour. En tout cas, pour ma part, je ne verrai plus les personnes âgées de la même façon !