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Stromboli  (Naïve)  mai 2009

Après un premier album éponyme (Montgomery, en 2006) et quelques premières parties de concert à l’automne dernier – notamment pour les belges de Girls In Hawaii –, Montgomery revient avec un second album qui devrait faire couler beaucoup d’encre. Avec Stromboli, le quintette breton passe incontestablement à la vitesse supérieure : ce disque fourmillant d’idées impressionne. Si leur précédent travail s’avérait plutôt brouillon bien qu’aventureux, ils se sont ici surpassés et s’affirment de façon autrement plus éclatante. Ce disque, émaillé de chansons parfaites aux mélodies impeccables et parsemé d’un nombre incalculable de trouvailles, devrait les conduire vers un succès mérité.

On est d’autant plus enthousiastes à l’écoute de Stromboli qu’on a du mal à se rappeler la dernière fois qu’on ait entendu un album français de cette envergure, aussi ambitieux et inventif. On songe aux agréables surprises qu’avaient été les premiers Overhead et Syd Matters. Montgomery se veut résolument ambitieux et parvient à tracer sa propre voie tout en assumant des influences anglo-saxonnes très marquées. C’est d’autant plus remarquable lorsque l’on constate l’utilisation qu’ils font du chant : contrairement à la majorité des groupes français, le sens des textes est ici secondaire. Ce qui compte c’est qu’elles sonnent, qu’elles se fondent dans les mélodies. A tel point qu’elles sont parfois difficilement compréhensibles. Mais l’intérêt n’est pas là : chez Montgomery, le chant est appréhendé comme un instrument à part entière, avec des rythmiques, sonorités et mélodies qui lui sont propres. Le but avoué est la recherche de sensations, et le groupe ne vise pas à faire passer un message. En cela, il se situe à mille lieux de la tradition de la chanson française et se place en porte-à-faux avec la majorité des groupes français s’engouffrant dans la voie ouverte par Noir Désir.

Ce disque est inclassable, il ne ressemble à aucun autre malgré la multitude des influences qui le traversent. Montgomery est parvenu à créer un univers extrêmement original qui n’hésite pas à bousculer l’auditeur. Un univers régulièrement attiré par l’étrange, tour à tour onirique et turbulent, à la fois paisible et sombre, alternant passages contemplatifs et explosions sonores. Un univers fascinant et foisonnant auxquels participent les textes, à la poésie surréaliste ("On parle d’une baleine qui me parle de vous…"), ainsi que les orchestrations. C’est peu dire que cet album est riche en sonorités. Il regorge d’arrangements luxuriants et raffinés, de mélodies recherchées, de sonorités planantes. De surcroît, il donne à écouter une multitude de sons et d’instruments différents (les Rennais sont fans de claviers en tous genres, de préférence analogiques)… Ainsi, le groupe affiche une volonté d’avoir un son très fourni. Stromboli présente même des teintes psychédéliques avec tous ces bruitages venus d’ailleurs (écouter les onomatopées presque tribales sur "Pollen"). Au-delà de cette impressionnante maîtrise conceptuelle, Montgomery laisse régulièrement entrevoir une fragilité des plus touchantes. On le voit entre autres dans ces paroles délicieusement décalées et fantaisiste : il y a un côté très enfantin, très innocent dans leur musique, ce qui apporte une vraie fraîcheur à leurs chansons.

Même si certains morceaux sortent du lot, il n’y a pas de single évident sur Stromboli, et l’album est d’une rare homogénéité. C’est une œuvre formant un tout extrêmement cohérent, oscillant entre aspirations pop et tendances plus expérimentales. On n’y compte pas moins de six titres excellents ("Baleine", "Volcan", "Le Chat", "Le Ciel", "Athlète" et "6 Bonnes Raisons"). Sur "Baleine", les guitares semblent tout droit sorties d'OK Computer – à mi-chemin entre "Subterranean Homesick Alien" et "Let Down". On pense aussi régulièrement à Grandaddy ("6 Bonnes Raisons", "Le Ciel" – qu’on croirait tiré de The Software Slump –, "Le Chat", "Mégacéros"). Dans un autre genre, il y a du Arcade Fire dans l’extraordinaire final de "Volcan" – avec cette batterie martiale, cette rythmique enfiévrée, cette noirceur latente, ces guitares incendiaires et ces chœurs de marins. Les guitares de "Athlète", c’est du Placebo de "Without You I’m Nothing", à l’époque où ils étaient encore intéressants et pas encore hypertrophiés. On le voit, au petit jeu des influences, Montgomery s’en sort plutôt bien… A noter un splendide titre caché en toute fin d’album : "La Fin Des Beaux Jours".

En cherchant bien, le seul vrai défaut de l’album serait le chant, un peu trop monocorde, trituré et caché sous des effets. Pour le reste, Stromboli résonne comme le produit d’un groupe en recherche constante de l’alchimie parfaite. Une quête existentielle pour Montgomery, pour qui la recherche de nouveautés, la soif de progresser, de toujours apprendre est en elle-même plus importante que leur achèvement. C’est même vital pour eux tant ils semblent imprégnés de cette obsession d’aller toujours plus loin. Pour l’auditeur, il est salvateur d’écouter un groupe qui n’a pas peur de prendre des risques et qui ne s’encombre pas des conventions. Ainsi, tout n’est pas réussi sur le disque, mais tout est intéressant – il n’est pas donné tous les jours d’écouter une musique si inventive et exigeante. Ça fourmille de partout, il y a des idées dans tous les sens, et on découvre quelque chose de nouveau à chaque écoute. C’est un album qui se dévoile petit à petit, et ça le rend encore plus passionnant.

Stromboli surprend constamment et s’impose comme une œuvre à part entière, habitée par un souffle épique et parcourue de mélodies imparables. C’est un très bon disque de pop brillante, intelligente et courageuse, qui stimule l'imagination. Le groupe y navigue à vue, s’amusant à nous perdre, à nous prendre à revers. Avec cet album, Montgomery repousse un peu plus loin les limites de son univers et nous entraîne dans un tortueux voyage vers des contrées inconnues.

 

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Pierre Baubeau         
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