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Interview  (Paris)  4 juin 2009

A l’occasion de la sortie prochaine de Beacons Of Ancestorship, nous avons eu le privilège de rencontrer Doug McCombs, bassiste et membre fondateur du groupe séminal, Tortoise.

Depuis votre dernier album studio, il s’est passé 5 ans. En quoi ce nouvel album est-il vraiment nouveau ?

Doug : Il est nouveau oui, mais on y a mis des choses plus anciennes. Les gens ont tendance à croire que Tortoise disparaît entre chaque album. Mais on est toujours très occupé, chacun fait ses trucs, ce n’est pas forcément Tortoise. Certains morceaux de ce nouvel album ont 3 ou 4 ans. En fait, quand on commençait à travailler sur un album, on ne s’arrêtait plus de bosser tant qu’à nos yeux ce n’était pas fini, tant qu’on en était pas vraiment satisfait, et parfois ça prenait beaucoup de temps.

Cette fois-ci, je crois qu’on a eu une prise de conscience. Quand on passe trop de temps en studio, il y a un moment où ce n’est plus productif. Les moments les plus productifs sont en fait les quelques premiers jours en studio. On se sent très créatif au début et puis ça s’en va très vite. Donc cette fois-ci, on est resté en studio une semaine, peut-être deux maxi, on a bossé le plus possible de manière concentré. On a fait une pause, laissé les choses pendant un moment et quand on est revenu, on a pu voir tout ça plus clairement. On a eu cette espèce de vision évidente de ce qui devait être fait. Voilà comment nous avons travaillé sur cet album, nous avons pris notre temps, travaillé de manière réfléchie, changé quelques choses, réarrangé quelques trucs… Parfois, nous jouions des titres que nous avions partiellement finis dans les conditions du live, ça nous permettait de nous rendre compte de ce qui allait ou pas. Ça nous a permis de retravailler des morceaux.

Considérez-vous quand même que cet album est dans la continuité de ses prédécesseurs ?

Doug : J’ai l’impression que pour le dernier album, nous avions atteint un point de perfectionnisme absolu, je veux dire par là que nous faisions en sorte, assez obsessionnellement, que tout soit parfait. Chaque mélodie, chaque harmonie devait être à sa juste place… on essayait de s’améliorer sur tout, les compositions, les arrangements… Même si cela a pu fonctionner et nous a apporté un certain succès, aujourd’hui pour ce nouvel album nous avons vraiment décidé de faire les choses autrement. Que les choses soient plus brutes, plus énergiques, ce n’est pas parfait. Ça sonne de manière plus franche, plus directe. D’une certaine manière, cet album est plus simple que les précédents. Il y a certains titres dans cet album qui sont issus d’idées pas complètement abouties. Ils sont plus ou moins finis, ils sont comme des interludes, des vignettes entre les morceaux.

Votre précédent album It’s All Around You avait reçu un accueil critique assez froid. Quelques années plus tard, que pensez-vous de tout ça ?

Doug : Ah bon, cet album avait été mal reçu ?

Certaines critiques étaient mitigées…

Doug : Cet album, pour nous, était une progression naturelle, comme toutes les choses qu’on fait. On n'a pas du tout ressenti de choses négatives à son sujet, mais il est vrai qu’il y a certaines choses qu’on aurait voulues faire différemment, être plus direct par exemple.

Avec le recul justement, y a-t-il un album que vous n’aimez plus du tout ou à l’inverse que vous aimez tout particulièrement ?

Doug : J’aime tous les albums que nous avons faits. Evidemment, chacun de nos albums sont les témoins de nos vies à ces moments là, mais sont aussi les témoins de l’évolution même de notre groupe. J’ai l’impression que notre premier album est très important pour chacun d’entre nous. Pour tous, il était important de le faire, ça nous mettait le pied à l’étrier. Je pense que tous nos albums sont plutôt bons, même si j’aimerais changer certaines choses sur chacun d’entre eux. Pour notre deuxième album aussi, je sais pourtant bien que les gens aiment particulièrement celui-là. Mais mon album préféré de Tortoise est je pense Standards. J’ai l’impression que pour celui-ci, il y a un bon feeling, tout est en place, tous les morceaux m’intéressent. C’est l’album à partir duquel nous avons vraiment commencé à être cohérents, à être dans une vraie dynamique de groupe, à être tous vraiment impliqués. Dans l’album précédent, TNT, il y avait beaucoup de musique, c’était presque un peu trop sur la longueur. C’était même un peu ambitieux de faire un album comme ça.

Millions Now Living Will Never Die est considéré pour beaucoup comme l’album fondateur du mouvement post-rock. Qu’est-ce que ça vous inspire ?

Doug : Comme je disais précédemment, j’ai l’impression que certaines choses auraient pu être mieux exécutées. En ce qui concerne ce fameux mouvement, je n’ai jamais été convaincu par ce terme "post-rock". Je ne crois pas que notre groupe était si inhabituel. Bon nombre des groupes qui ont pu nous influencer, expérimentaient déjà, nous avons simplement pris la suite. Je ne suis pas vraiment d’accord avec le fait que soudainement, par un groupe, un mouvement se crée. C’est toujours une continuité.

Il semblerait qu’au fur et à mesure de vos albums, les sons électroniques soient de plus en plus présents…

Doug : Oui. On a toujours utilisé des éléments électroniques dans notre musique. Des synthétiseurs, des batteries électroniques… On a toujours intégré ces éléments, ça nous paraît naturel, même pour un groupe rock. Peut-être que dans ce nouvel album, il y a plus de synthétiseurs que d’habitude. Certains d’entre nous voulaient apporter des sons que nos instruments habituels ne pouvaient pas apporter. Les synthétiseurs nous ont permis ça. Il y a aussi la façon dont nous avons écrit nos morceaux qui peut donner cette sensation. Il y a une espèce de cadre dansant, dans les mélodies, l’harmonie.

Est-ce aussi lié à des groupes, des artistes récents que vous pouvez écouter ? Les sons électro ont désormais fait leur place dans l’univers du rock.

Doug : Certainement. Il est vrai que les jeunes groupes ont accès à du matériel électronique à des prix abordables désormais, ce qui leur permet d’expérimenter beaucoup de choses. C’est sûrement aussi naturel pour eux.

Quoiqu’il en soit, votre musique est très évocatrice… Est-ce que vous n’avez jamais envisagé de travailler sur la BO d’un film ?

Doug : En fait, on adorait ça si on en avait l’opportunité ! Il me semble que notre groupe devrait faire des choses comme ça, comme nous sommes un groupe instrumental. Il faudrait qu’on réfléchisse à qui on pourrait demander ça.

Il y a deux ans, nous avons joué live sur ce film Nosferatu, cela a été formidable, un vrai succès. On avait même envisagé de faire une tournée de cette manière, parce que cela a été une incroyable expérience. On ne travaillait pas comme d’habitude, une partie était déjà composée mais nous improvisions également. En plus, nous étions dans ce théâtre incroyable, le Chicago Orchestra.

Que répondriez-vous à vos détracteurs qui vous accusent d’avoir un style trop élitiste ?

Doug : Je leur dirais qu’ils ont complètement tord ! Evidemment que notre musique est faite pour tout le monde. Et comme je disais tout à l’heure, nous sommes une continuité musicale. La musique influence d’autres musiciens et c’est comme ça que les choses avancent. On a passé pas mal de temps à réfléchir à la façon de faire de belles performances scéniques, mais certaines choses viennent aussi naturellement. Il n’est pas toujours question de catégoriser, et notamment de faire des choses uniquement pour une élite. On veut simplement que notre musique soit évocatrice, mais pas que les gens aient besoin de l’intellectualiser pour l’apprécier. Tu apprécies cette musique parce qu’elle fait te sentir bien, c’est simplement comme ça que ça devrait être.

Quel feedback du public avez-vous eu suite à l’album The Brave And The Bold que vous avez réalisé en collaboration avec Will Oldham ?

Doug : Le feedback qu’on a pu avoir été plutôt positif. Parfois, ça peut être une mauvaise idée que de faire des reprises, parce que les gens aiment ces chansons telles qu’elles sont. Il me semble que tous les morceaux de cet album étaient d’une certaine manière réussis. Certaines étaient évidemment meilleures que d’autres mais je pense que cela nous a aidé à nous améliorer encore plus. Simplement en retravaillant ces morceaux et en comprenant la façon dont ils fonctionnaient au départ. Comprendre ce qui faisait qu’elles marchaient et essayer de les améliorer encore. Je ne dirais pas vraiment qu’on les a améliorées en fait, mais que nous en avons fait de bonnes versions.

Que ce signifie ce titre exactement The Brave And The Bold ?

Doug : En fait, c’est un hommage aux songwriters. Aux gens qu’on admire.

Si vous ne disposiez que de trois mots pour parler de votre musique, vous sentiriez-vous frustré ou amusé ?

Doug : 3 mots ?!? Je ne suis habituellement pas capable d’en sortir ne serait-ce qu’un ! Je ne me sentirais pas limité non !

Sur votre EP Lonesome Sound sorti en 1993, qui chante ?

Doug : C’est moi !

Pourquoi avez-vous arrêté de chanter ?

Doug : Principalement parce qu’aucun d’entre nous n’aiment les paroles. Nous sommes des compositeurs, pas des songwriteurs/chanteurs. Aucun d’entre nous n’a jamais vraiment eu de chanteurs, quel que soit le groupe. Nous avons tous plutôt de bonnes voix mais aucun d’entre nous n’écrit de paroles. Quand nous avons commencé Tortoise, ce n’était pas un groupe destiné à l’instrumental, c’était simplement supposé exister, peu importe la forme. L’idée de Tortoise, c’était de faire de la musique tous ensemble, il n’y avait pas de formats ni de règles pré-établis. On s’est simplement rendu compte que c’était plus simple pour nous de jouer sans paroles.

Vous jouez ensemble depuis maintenant 15-20 ans…

Doug : On a commencé en 1992, je crois. Mais c’est assez flou en fait, ce commencement officiel. Cela a pris tant d’années avant qu’on ne se décide enfin à créer ce groupe. On a commencé à deux, basse et batterie. On a fait ça pendant plusieurs années, on se retrouvait seulement quelques fois par an. On parlait de ce qu’on voulait devenir en tant que groupe, mais je ne me souviens plus exactement quand ça a vraiment commencé. Je sais juste qu’on n’a rien enregistré avant 92.

Des envies, des ambitions particulières pour les 20 prochaines années ?

Doug : Non. En ce qui me concerne, je veux juste continuer à jouer. La plupart d’entre nous avons choisi d’être musiciens, et ce n’est pas si simple d’en vivre et je crois sincèrement que nous sommes chanceux de pouvoir vivre grâce à notre groupe. Je veux continuer à faire de la musique. Même si un jour je n’en vis plus, je continuerai à jouer.

Avez-vous des groupes intéressants issus de Thrill Jockey à nous conseiller ?

Doug : Il y a pas mal de jeunes groupes sur Thrill Jockey, je ne les ai pas tous écoutés mais j’aime vraiment Mountains. Ils ont d’ailleurs un nouvel album qui sort. Il y a aussi Double Dagger, ils sont excellents. Arbouretum et Pontiak, ce sont de très bons groupes. The Fiery Furnaces aussi.

Récemment, avez-vous vu des concerts intéressants ?

Doug : Pas mal de groupes locaux, de groupes d’amis. Mais il y a un concert qui m’a vraiment marqué il y a de ça à peu près deux ans, peut-être le meilleur show que j’avais vu depuis très longtemps, c’était ZZ Top. C’était vraiment génial et très intéressant de voir des types qui sont là depuis tellement longtemps et qui ont réussi à ne pas se transformer en de mauvaises caricatures, pas comme des groupes insupportables comme Aerosmith ou les Rolling Stones. Ces mecs n’ont pas une once d’intégrité, alors que ZZ Top je peux vous assurer que ces types sont là à 100% pour la musique. En plus, ils sont incroyables en tant que musiciens.

Ce soir, vous allez voir vos amis de Yo La Tengo à l’Alhambra.

Doug : Oui, ce sont vraiment mes amis. J’ai déjà tourné avec eux. Avec un de mes autres groupes, on a joué avec eux. J’ai même joué de la guitare avec eux sur une tournée, c’était il y a environ 4 ans. James est l’un de mes amis les plus proches.

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

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Tortoise en concert au Festival La Route du Rock 2009 (vendredi)
Tortoise en concert au Festival La Route du Rock 2009 (vendredi) - 2ème

En savoir plus :
Le site officiel de Tortoise

Crédits photos : Laurent Hini (Toute la série sur Taste of Indie)


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# 6 septembre 2020 : On danse au bal masqué

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