Comédie de Molière, mise en scène de Léonard Matton, avec Nicolas Saint-Georges, Marianne Soumoy, Frédérique Bourdin, Mélissa Billard, Maxime Bailleul, Barnabé, Nina Tivelli, et Mathias Marty.
Selon l'expression consacrée, on ne présente plus "Le malade imaginaire", la dernière et emblématique comédie de Molière dans laquelle se retrouvent les thèmes récurrents de l'auteur que sont l'imposture médicale et l'égotisme du barbon doublé d'un tyran domestique déclinés en l'espèce dans le champ de la névrose obsessionnelle de l'hypocondriaque.
Autour du vrai faux malade, une servante qui lui tient la dragée haute, un frère qui a les pieds sur terre, une seconde épouse vénale, une grande fille gourdasse, et son fâlot amoureux, une petite fille rouée, des médecins foireux et des hommes de lois véreux constituent les protagonistes de cette farce initialement conçue sous forme de comédie-ballet, même si plane une certaine gravité.
Léonard Matton, jeune comédien et metteur en scène issu des Ateliers du Sudden de Raymond Acquaviva, comme la quasi totalité de la distribution, a opté pour un traitement en force de cette pièce pour laquelle il applique à chaque scène, qui fonctionne comme un sketch, une médication résolument bien tassée.
Malgré le réussi prologue fantasmagorique, il ne fait pas dans la dentelle mais dans le macramé en grosses ficelles à l'image du hamac qu'il a substitué au célèbre fauteuil, hamac qui revêt davantage la forme d'un filet de pèche suspendu et dans lequel il faut voir la métaphore de l'enfermement psychotique du malade imaginaire mais également du piège dont il est la victime.
Certes il pousse parfois le bouchon un peu loin (sic) mais ce registre ravit les amateurs de café-théâtre ainsi que les scolaires à qui cela rappelle le guignol de leur petite enfance, scolaires qui ce soir-là présents dans la salle gloussaient aux tirades amoureuses vraies ou feintes, et poussaient des cris d'orfraie à la démonstration appuyée des expectorations, flatulences et autres joyeusetés physiologiques.