Alors que sont réédités des albums de Daniel Johnston, roi du lo-fi et toujours en vie, le jeune Nathan Williams fait fi des moyens technologiques de son âge et livre un Wavvves, avec 3 "v", qui atteint des sommets de non production et de lo-fi à tel point que l'on parle parfois à son sujet de no-fi.
Comme chez son aîné, on trouve chez Wavves (seulement 2 "v") ce côté parfois non abouti sur des chansons que l'on devine pourtant être de petites perles de composition. A d'autres moments, on frôle l'expérimental inécoutable et on imagine Williams dans sa chambre en train de jouer avec les boutons de son sampler en ayant oublié qu'il était en mode enregistrement, branché sur 4 ou 5 amplis montés en série, avec chacun le volume réglé au maximum.
Quoi qu'il en soit, le mélange surf music et noisy pop est détonnant et donne naissance à d'improbables morceaux comme "Goth Girls" (d'ailleurs, le mot goth revient dans un tiers des titres parmi les plus perturbants), éthérés et noisy à la fois, héritant des My Bloody Valentine et des Drop Nineteen, ou encore le titre "No Hope Kids" et son chant ultra-saturé à faire passer Jesus And Mary Chain pour de la musique de kermesse et au texte franchement no future. L'inquietant "More Fur" flirte avec le bruit blanc et l'expérimentation electro. Inécoutable de prime abord, on se laisse finalement happer par son ambiance glauque post-industrielle.
Sans forcément une autre cohérence entre les morceaux que les sonorités sans cesse triturées et maltraitées, ce deuxième album de Wavves montre clairement que Williams cherche avant tout à se faire plaisir, sans se soucier d'aucun critère de production. Pour le moment, cela fonctionne et la curiosité nous pousse naturellement vers les expérimentations bruitistes mais mélodiques du garçon.
Reste à savoir s'il saura se renouveller et proposer à l'avenir des albums peut-être plus aboutis.
En attendant, vous pourrez donc soumettre vos tympans à quelques tests de résistance avec Wavvves et éprouver ce drôle de silence lorsque "Killr Punx, Scary Demons", 3 minutes intenses, insupportables et jouissives se terminent pour le moins brutalement. Vivement Wavvvves (avec 4 v). |