L’âme de feu Grandaddy, Jason Lytle sort de sa tanière avec un premier album solo Your truly the commuter. Très attendu par tous les fans du groupe californien cet opus marque un retour aux affaires de l’ex-barbu californien.
Grandaddy, groupe originaire de Modesto en Californie, s’est formé en 1992. Mais ce n’est qu’en 1997 avec Under the western Freeway et surtout trois ans plus tard avec The Sophtware Slump que le combo a su imposer son style mélange de pop, folk et americana le tout à la sauce bidouillage électronique et atteindre une reconnaissance justifiée. Cependant toute chose ayant une fin (c’est une des lois de la nature !), quinze ans après leurs débuts, Just like the family cat marquait la fin de la route pour le groupe. Ce dernier album, véritable chant du cygne, s’est fait dans la douleur et la solitude puisque sorti alors que la séparation était consommée.
Puis un long moment de doute improductif s’est emparé de Jason Lytle. L’inspiration envolée, ce dernier s’est exilé dans le Montana, à Bozeman, pour se ressourcer et mettre en ordre sa tête. Grand bien lui en a pris, puisque le grand air a remis ses idées en place et en bon musicien ermite qu’il est, Jason Lytle s’est tout naturellement enfermé dans son homestudio avec vue sur les montagnes enneigées pour enregistrer et jouer tous les instruments de ce qui allait devenir Yours truly the commuter.
Avec cet album à la pochette artwork faîte maison, Jason Lytle joue sur du velours, réutilisant ses ficelles si patiemment tissées précédemment. Il en résulte un album de Grandaddy en plus dépouillé et beaucoup moins rythmé que les précédents opus, même si les fondamentaux sont toujours là.
Bien sûr, on se laisse envoûter par la voix fragile et hypersensible, les ambiances et une musique toujours joliment détraquée. L’utilisation de synthés vintage, les sons électroniques sont toujours là, en embuscade, même si le piano et guitare restent les éléments centraux.
"Yours truly the commuter", le titre d’ouverture donne dans le gimmick synthétique préfigurant une pétillance retrouvée. Et on retrouve des morceaux lumineux comme "This song is the mute Button" qui s’ouvre sur quelques secondes de Beethoven avant de devenir une valse piano, "Flying thru canyons" ou l’émotionnel "I am Lost". Bien qu’ultra majoritairement dans un registre mid-tempo à l’image de "Rollin Home Alone" la ballade typiquement Grandaddiesque aux chœurs déchirants, les guitares saturés sortent pourtant du bois pour "It’s the weekend" le seul titre quelque peu énergique de l’album, contrebalançant ainsi le quasi instrumental "Fürget it" à la limite du dispensable.
Your truly the commuter apparaît donc comme un disque apaisé. Autant le dernier Grandaddy montrait un sentiment de fin que cet album signe un renouveau, une gaieté toute relative retrouvée, un souffle frais et salvateur. Ainsi l’album qui s’ouvrait pourtant sur "Last thing I heard I was left for dead" se conclut sur un "I’m here for good" plein d’espoir.
Les inconditionnels de Grandaddy attendaient avec impatience cet opus, et ceux là ne seront pas déroutés. Forcément dans la lignée de la discographie précédente, Yours truly the commuter ne surprend pas l’habitué. Une prolongation bienvenue et bienheureuse. |