Comédie
écrite et mise en scène par Virginie Ansara, avec
Aurélie Chatelard, Marie Coquand, Hélène
Durut, Sophie Jullien, Bénédicte Laborie, Frédéric
Monnot, Patricia Moreau et Cyril Perrin.
Les acteurs, en costumes, jouent une pièce de théâtre
baroque, dos au public. Le spectateur assiste à la générale
de presse d'un nouveau spectacle. Il voit les coulisses, et
surtout il assiste à l'après-spectacle. Car au
sein de la troupe, tout n'est pas rose, les acteurs ne s'entendent
pas entre eux, la metteuse en scène est capricieuse et
tyrannique, un des acteurs boit... Mais surtout, tous sont là
à courir le cachet afin de conserver leur statut d'intermittent
ou pour des raisons qui ont plus à voir avec leur orgueil,
plutôt que par envie ou pour amour de l'art.
Juste avant la première, les critiques tombent. C'est
la distribution qui déplaît à la presse.
Ni une, ni deux, la metteuse en scène décide,
vingt minutes avant la première représentation
publique, que les acteurs doivent intervertir leurs rôles.
S'ensuit alors un festival vraiment savoureux de gaffes, de
mauvais placement des acteurs, d'inversion de texte, de contrepèteries...
Cette troupe amateur, le Studio Tarento, a réussi une
pièce enlevée, drôle, vivante, à
la mise en scène originale et efficace, à la scénographie
simple mais éclairée, et dont le niveau de jeu
rivalise facilement avec celui de professionnels.
Tout d'abord, la scénographie de Coralie Martin élaborée
à partir de rideaux transparents qui met le spectateur
à l'arrière de la scène ou dans les coulisses
dans une position de voyeur des dessous de la pièce et
des enjeux, puis enfin dans leur position de spectateur face
à la scène, est une idée originale qui
fonctionne parfaitement.
La mise en scène, de Virginie Ansara, qui fait sortir
les acteurs jusqu'en dehors du théâtre, qui les
oblige à un jeu constant parce que les "coulisses"
sont sur scène, qui n'oublie pas les détails mais
attire le regard du spectateur vers le lieu de l'action sert
particulièrement bien ses acteurs. Les voir jouer dos
au public au début de la pièce, intrigue autant
qu'irrite. De plus, les blancs, les pauses, les silences, l'utilisation
d'une voix off pour éclairer les motivations des personnages,
permettent de mettre encore plus en relief les effets comiques
- de texte ou de situation - qui suivent.
Marie Coquand et Cyril Perrin, dans les rôles du comte
et de l'abbesse qui requièrent une présence constante
sur scène, montrent tous deux un véritable talent
comique. Aurélie Chatelard, Sophie Jullien, Bénédicte
Laborie et Patricia Moreau enfilent avec un grand naturel l'habit
qui a été taillé pour eux (ou plutôt
les habits, puisque chaque acteur joue à la fois le rôle
de l'acteur et deux rôles dans la pièce à
l'intérieur de la pièce). Quant à Hélène
Durut et Frédéric Monnot, servis par des rôles
plus discrets dans la seconde partie du spectacle, ils savent
se montrer efficaces lorsqu'ils sont sous les projecteurs. La
performance des acteurs, dirigés par Virginie Ansara,
a été, je le redis, de très grande qualité
pour chacun d'entre eux, étonnante pour des amateurs,
et bien supérieure à celle de certains professionnels.
Le public qui avait énormément ri pendant la
représentation, était visiblement ravi à
l'issue du spectacle et a chaleureusement applaudi toute la
troupe, qui n'avait ménagé ni le travail ni les
efforts, et qui le méritait amplement. |