Après La Serpenta Canta sorti il y a peu, la très prolifique Diamanda Galàs revient avec ce Defixiones, Will & Testament.
Alors que le précédent opus ne se voulait être qu’un simple album de reprises blues, cette nouvelle (double) galette est beaucoup plus profonde puisqu’elle est entièrement consacrée au génocide arménien.Un concept d’horreur qui sert merveilleusement bien la voix torturée de la Diva.
Les cris proviennent des entrailles de la dame et les paroles (prononcées dans diverses langues orientales) ne font qu’accentuer le malaise autour de ces évènements passés. La douleur traverse le disque de la première poussée à la dernière respiration, sans toutefois laisser une désagréable impression d’exploitation du morbide.
On sent en permanence une Diamanda Galàs impliquée et investie dans cette lourde tâche qui est celle de reconstituer le puzzle entourant ce meurtre de masse. Comme il était difficile de remplir une telle tâche de restauration, la musique ne peut en aucun cas se détacher de l’objet fourni avec, un superbe digipack dans lequel se trouve de larges écrits à propos du génocide arménien. L’ensemble, qui fera connaître cette sombre période de l’histoire aux néophytes, est agrémenté de photos d’horreur montrant scènes de mutilation, tortures et cadavres.
Le voyeurisme n’est toutefois pas de la partie puisque ces visions ne font qu’accentuer le ressenti de l’auditeur, totalement conditionné afin de comprendre comment ont pu se dérouler de telles atrocités. Alors que les autorités turques se refusent encore à reconnaître ce qui apparaît comme l’un des génocides les plus importants de l’histoire, Diamanda Galàs nous donne l’impression d’avoir vécu ces évènements et expose au grand jour la véritable nature humaine : une folie qui nous est propre, indomptable, qui sommeille en chacun de nous.
Un magnifique concept album qui fait froid dans le dos.