Alias
est le pseudonyme de Brendan Whitney.
Cette dernière phrase recèle un intérêt
évident si on sait que le Brendan en question officie au
sein d’Anticon. Cette dernière phrase recèle
un intérêt évident si on connait les musiques
qui fourmillent au sein d’Anticon.
On peut aussi très bien ne rien savoir et apprécier
en candide l’atmosphère de son troisième disque
Muted ; peu de références
musicales sont en effet nécéssaires pour le classer
dans les bacs de l’abstract hip-hop, cette petite aberration
artistique qui veut que des timbrés s’ingénient
à fausser le jeu d’un hip-hop désormais totalement
formaté pour le tirer vers le terrain de jeu de l’electronica.
Peu de rap ici et encore moins de flow interminable à la
"Quannum" , tant mieux ce n’est pas dans ce domaine
qu’on attend le producteur, le peu qu’on y trouve est
pourtant assez bien senti.
Le morceau anti-Fox auquel participe Markus
Archer du groupe teuton surhypé the
Notwist est, malgré tous les a priori qu’on
garde à juste titre pour ce genre de parachutage, incontestablement
réussi et entêtan et il s’insère parfaitement
dans l’album malgré l’absence des beats qui marquaient
de leur empreinte le début de l’album. Ainsi Muted
est curieusement polymorphe et cohérent, marqué par
une instrumentation hip-hop qui aurait digéré les
ficelles d’une electronica plus évanescente et libre,
même si on tend parfois un peu facilement vers le systématisme.
Mais le groupe n’est pas dupe de ses faiblesses et on remarque
le sens de l’autodérision de cette micro scène,
qu’on trouve aussi chez Kid 606
sous une autre forme, qui se cristallise ici parfaitement dans les
paroles de "Am I cool now":
You try to hard to be weird / You were only popular on the internet
/ It’s just stupid nerd rap… Ceux qui ne trouvent pas
tout cela très drole risquent de passer à coté
de l’album car on ne se situe pas dans un extremisme arty
mais face à la production d’un amoureux de musique
qui fait cohabiter avec un certain talent les sons qui l’habitent,
tout cela avec une aisance ostensible qui montre la facilité
avec laquelle il se déplace dans cet univers familier pour
amener ces morceaux là où il veut.
Au final si l’album n’est pas une révolution,
si on le compare au niveau de l’electronica dans ce qu’elle
nous offre de plus passionnant, ce coté abâtardi s’écoute
avec plaisir, de l’autre coté du spectre de ce que
peut faire un Prefuse 73 pour tirer
le hip-hop vers l’expérimentation et moins abstrait
que ce qu’a pu faire Pole récemment.
On remarque néanmoins un travail d’épure dans
lequel on retrouve le producteur peu adepte des lourdeurs mégalomaniaques
des canons du genre et qui fournit au final un album très
abouti.
Comme quoi il y a une vie après Public
Ennemy…
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