C’est ma deuxième édition personnelle, après 2008 où l’affiche était plus dense et plus riche (avec notamment l’ami Morrissey, The National, The Raconteurs, Gnarls Barkley, les Kills, Mika…). Je suis plutôt un habitué des galettes saucisses et de l’intimité de ma petite Route du Rock mono-scène, où j’effectue un pèlerinage fidèle depuis 1997. Un changement radical donc, de climat, d’ambiance et de population !
Après avoir scruté semaine après semaine la composition progressive du line up, voilà que commence l’heure des choix, sitôt les horaires et la répartition des scènes affichés sur le site (à noter que le festival commence à verser sérieusement dans le mercantile cette année, puisque fini le petit pdf à télécharger avec le programme complet… à la place un joli livret à 7€ à acheter sur place ou alors une bonne dose de patience et beaucoup de clics sur les fiches artistes pour se constituer son petit planning perso qui fera la jalousie ou l’admiration des autres Fibers !).
Bref, cet instant à la fois attendu et redouté va une fois de plus donner lieu à des choix cornéliens : Oasis vs The Walkmen, Gang of Four vs Telepathe, Paul Weller vs Magazine, Peaches vs Franz Ferdinand, White Lies vs TV on the Radio… Les programmateurs sont cruels mais la météo se chargera de faciliter la prise de décision comme nous le verrons plus tard…
Je quitte donc mon cher pays toulousain, l’esprit serein et bien préparé. Après 7h de trajet dans une chaleur étouffante, me voilà enfin en terrain connu : la route déverse un flot continu de festivaliers en tenue de plage, la bière coule déjà elle aussi à flot et je comprends très vite que l’édition 2009 sera différente de 2008. Le festival est sold-out et il y a beaucoup beaucoup de monde… Bracelet au poignet (merci Froggy), je fonce au camping en espérant dégotter une bonne place (on n’insistera jamais assez sur le choix de l’emplacement et donc du voisinage qui conditionne le bon déroulement d’un festival). C’est raté, et c’est là qu’on regrette d’arriver le jour même alors que le camping est ouvert depuis 3 jours déjà …
Me voilà rejeté loin, très loin et je prends conscience que la marche fera partie intégrante de ces 4 jours ! Je me retrouve incrusté au chausse-pied entre la voie de chemin de fer et la ligne à haute tension, dans une extension du camping qui fleure bon le champ de terre aride où le piquet de tente Quechua 2’’ n’a pas la moindre chance de s’introduire.
Allez, une bonne douche froide et ça repart ! Je fonce vers l’entrée du site pour ne pas perdre une miette. Et là , tous les petits tracas sont oubliés, le sourire revient très vite et les yeux s’humidifient de bonheur : les 4 scènes (Escenario Verde, Vodafone, Fiberfib et Pista Pop) sont particulièrement réussies. La Fiberfib est maintenant à ciel ouvert et agrandie, La Vodafone s’est dotée d’un petit dirigeable télécommandé du plus bel effet, le site est toujours aussi accueillant.
Les festivités commencent avec The Coronas sur la Fiberfib ; devant un public clairsemé, les Irlandais déflorent en douceur cette édition 2009. Je fonce jeter une oreille sur la charmante espagnole Anni B Sweet (sosie vocale de Paula Frazer de Tarnation) dont le folk poursuit la montée en puissance puis c’est le tour des Naïve New Beaters : les Français dont je ne connaissais pas grand-chose sont très à l’aise et communiquent avec le public dans un espagnol magnifiquement matiné d’un bon vieil accent de chez nous ! "Hace mucho calor en el corazon !" Le décor est cheap mais le jeu de scène est chouette et leur électro / hip hop me rappelle les débuts d’Asian Dub Foundation.
Un très bon set que j’interromps sur la fin pour aller voir La Bien Querida. Cette artiste espagnole, dont on me dit le plus grand bien, est certes sympathique mais souffre d’un son très mal réglé et l’ensemble sonne faux…  Retour au Vodafone pour la prestation western de Los Coronas (à ne pas confondre avec les premiers) ; les cuivres sont de sortie, les santiags aussi ! C’est très maîtrisé, le batteur est un métronome mais les morceaux (uniquement instrumentaux) finissent par tourner en rond sur la longueur.
Il est temps de se préparer pour le concert d’Oasis. Bien qu’ayant décroché ou presque après Be Here Now (une éternité), je suis curieux d’assister pour la première fois à un de leurs shows. Le public se presse en masse et les anglais sont très représentés. Au moment de l’entrée sur scène, on assiste (on subit ?) à la nouveauté Brit’ ™ 2009 : le concours de lancer du litre d’Heineken sur les festivaliers de devant qui, par définition, ne se doutent de rien car de dos et se voient recouverts (au mieux) de bière. Les cowboys de la sécurité (non, pas ceux de Los Coronas mais des moins rigolos) ont beau menacé de couper les bracelets des fautifs, rien n’y fait.
Revenons à nos moutons, ou plutôt à nos chèvres car le sieur Noel est manifestement dans une fucking mood… Rien ne va : le son, le public, son frangin, tous les prétextes sont bons pour quitter à tout moment la scène, laissant les autres membres du groupe en grand désarroi. Les tubes s’enchaînent et le site prend vite les apparences d’un Karaoké géant car non seulement l’anglais connaît toutes les chansons par cœur, mais adore les faire partager en chantant très très fort !
"Wonderwall" sera déconstruit en deux fois, parce que Noel le vaut bien et le concert s’achève sur fond de Morning Glory avec une jolie impression de gachis.
Du coup, je n’ai plus le courage d’aller voir Gang of Four ou Telepathe et préfère attendre Glasvegas en reposant mes jambes fatiguées. James Allan se prend pour Bono, sa voix est éraillée et le son crade ne nous permettent pas d’approcher les sommets de l’album. Ca dégouline de partout et le "Oasis, we fucking love you" ne fait que rajouter une pierre au monticule. La soirée s’achève sur un "Daddy’s gone" presqu’émouvant et qui résonnera en boucle dans les travées du festival (faut reconnaître que ça s’accroche et qu’on a du mal à s’en défaire).
Les boucles technoïdes prennent possession de la place et il est grand temps pour moi d’aller rejoindre mon matelas auto-gonflant après une première soirée en demie teinte. |