Comédie
écrite et interprétée par Alex Pandev dans
une mise en scène de Agathe Bergman.
Dans "Absolutely Fabulous", on nous avait caché
que Patsy et Edina avait eu une fille ensemble, et que celle-ci
vivait dans la Marais. De Patsy, elle a hérité
des lèvres, du maquillage, du goût pour les fringues
tape-à-l'œil, robe courte et bottes blanches en
plastiques. D'Edina, elle a la gestuelle hystérique,
le débit de la voix, les obsessions intéressées
pour ce qui est ethnique.
Enfin, de ses deux oisives et superficielles génitrices,
elle a le langage cru, le snobisme, le dédain d'autrui,
la langue acérée et le gosier en pente.
Alex Pandev dans "Le
cri de la fourrure" dessine d'un trait épais
une snob parisienne qui, un dimanche soir de cuite, atterrit
dans une boîte miteuse dont elle est la seule cliente.
Son personnage déborde d'énergie. Elle danse,
chante, se déplace d'un bout à l'autre de la scène
dans des accès hystériques, se déhanche,
interroge la salle avec insistance, ou croise les jambes très
haut sur un tabouret de bar.
La performance de l'actrice est de donner corps pendant une
1h20 à cette jet-setteuse allumée, et de pouvoir,
malgré les propos tenus, laisser parfois transparaître
une humanité et une émotion. Car Alex Pandev aime
son personnage, et celui-ci ne semble pas sortir uniquement
de son imagination. En effet, on se surprend parfois à
reconnaître les traits de caractère de quelques
connaissances toujours très centrées sur leur
propre personne, qu'elles soient artistes ou mondains, mais
dont l'agenda est toujours over-over-booké.
Le caractère "politiquement incorrect" de
la pièce tombe parfois dans la facilité. Le passage
sur le 9-3, par exemple, ne sonne pas particulièrement
juste. Par contre, c'est lorsque le personnage parle de ce qu'il
connaît le mieux, à savoir son milieu branché
et artistique, les hommes, ses histoires de cœur et de
cul, et surtout d'elle-même, que les formules se font
le plus percutantes. Les mots alors fusent, égratignent,
voire visent au coeur.
La mise en scène d'Agathe Bergman est efficace, en particulier
dans l'utilisation des lumières rouges ou blanches et
crues. De plus, toute la pièce est soutenue par des musiques
judicieusement choisies.
Au sortir, il s'agit là d'un one-woman show dynamique,
dont la verve s'essouffle malheureusement par moment, mais traversé
d'un bout à l'autre de formules choc qui font mouche.
Mais aussi et surtout d'une belle performance d'actrice.
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